Le Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok a annoncé dimanche sa démission, six semaines après être revenu au pouvoir dans le cadre d’un accord politique contesté conclu avec les militaires.
Abdalla Hamdok, qui n’a pas réussi à rétablir un gouvernement civil alors que de vastes manifestations se poursuivent contre le putsch de l’armée en octobre, a déclaré qu’une table ronde était nécessaire pour parvenir à un nouvel accord pour la transition du pays vers la démocratie.
« J’ai décidé (…) d’annoncer ma démission du poste de Premier ministre et de donner une chance à un autre homme ou une autre femme de ce noble pays pour (…) l’aider à traverser ce qui reste de période de transition vers un pays démocratique », a-t-il déclaré dans une allocution télévisée.
Sa démission accentue l’incertitude sur l’avenir politique du Soudan, trois ans après le soulèvement qui a conduit au renversement d’Omar el Béchir.
Économiste et ancien fonctionnaire des Nations unies très respecté par la communauté internationale, Abdalla Hamdok était devenu Premier ministre dans le cadre d’un accord de partage du pouvoir entre militaires et civils après le renversement de Béchir en 2019.
Il avait été destitué le 25 octobre après un coup d’Etat mené par l’armée puis avait recouvré ses fonctions un mois après aux termes d’un accord politique avec la junte, qui s’était engagée à la libération de tous les prisonniers politiques.
Mais cet accord avait été dénoncé par de nombreux membres de la coalition civile, qui avait précédemment soutenu Hamdok, et par des manifestants qui ont multiplié d’importants rassemblements contre le régime militaire.
Dimanche, quelques heures avant l’annonce du départ d’Abdalla Hamdok, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants à Khartoum alors que ces derniers se dirigeaient vers le palais présidentiel.
Au moins deux personnes ont été tuées, ce qui porte à 56 le nombre de morts dans les manifestations depuis le putsch, selon une association de médecins proche du mouvement de contestation.
Parmi les réformes économiques menées par Abdalla Hamdok figurent la fin des subventions sur les carburants et une forte dévaluation de la monnaie. Ces mesures ont permis au pays de bénéficier d’un allègement d’au moins 56 milliards de dollars (49,2 milliards d’euros) de sa dette extérieure, bien que le coup d’État ait remis en question l’accord de réduction de dette et ait gelé le soutien économique important apporté par l’Occident.
Lors de son retour au pouvoir en novembre, Abdalla Hamdok avait déclaré qu’il souhaitait préserver les mesures économiques prises par le gouvernement de transition et mettre fin au « bain de sang » après le nombre croissant de victimes de la répression. (Reuters)