Alors que les opposants les plus radicaux au régime Macron en France ont fustigé l’expulsion, par les autorités de la transition du Mali, de l’ambassadeur Joël Meyer, les hommes politiques maliens, pour la plupart, ont brillé par leur silence. Une attitude qui fâche des milliers de citoyens qui s’interrogent même sur le degré de patriotisme de ceux-là qui veulent diriger ce pays dans les mois à venir.
Les hommes politiques, ils disent tous se battre pour l’intérêt du Mali et des Maliens. Est-ce vrai ? Question ! En tout cas certaines attitudes de la classe politique malienne, ceux opposés à la transition, mettent en cause leur crédibilité et même leur patriotisme aux yeux des populations.
En effet, ces hommes politiques qui rêvent de diriger le Mali ont préféré, pour la plupart, rester indifférents face à la crise diplomatique entre le Mali et la France. Au fait, après des mois d’escalades verbales, la crise diplomatique entre ces deux pays amis est consommée par l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer. « Le Gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que, ce jour, lundi 31 janvier 2022, l’Ambassadeur de France au Mali SEM Joël MEYER a été convoqué par le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération internationale qui lui a notifié la décision du Gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures », a précisé le communiqué du gouvernement de transition lu à la télévision nationale, l’ORTM.
L’expulsion de l’ambassadeur Meyer a été décidée par les autorités de transition suite aux propos « hostiles et outrageux du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères tenus récemment et à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des Autorités maliennes, en dépit des protestations maintes fois élevées ».
La réplique des opposants français
Les autorités françaises semblent avoir compris la leçon. Elles se sont limitées à prendre « note » de la décision des autorités maliennes et à rappeler leur ambassadeur. Si les autorités ont été sages, les hommes politiques français, les opposants surtout, ont dénoncé l’expulsion de l’ambassadeur de la France par le Mali. Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour, N. Dupon-Aignan, Marine Le Pen, tous adversaires politiques à Emmanuel Macron, ont dénoncé l’expulsion de l’ambassadeur français par le Mali. Bien qu’ils soient opposés à la gouvernance du régime actuel en France, ils se sont retrouvés au nom de leur pays, la France. Ils ont montré aux yeux du monde que leur combat, c’est pour la France, sa dignité, son honneur et son intérêt. Ces politiques français ont prouvé que face à un adversaire commun, il n’y a que leur pays qui doit primer. C’est une leçon de patriotisme qu’ils ont donné aux hommes politiques maliens.
L’indifférence de la classe politique malienne qui fâche
La classe politique malienne, notamment les opposants qui ont vigoureusement dénoncé le discours du premier ministre de la transition qui, selon eux, mettait en cause les acquis du mouvement démocratique, ont gardé un silence assourdissant à la crise entre le Mali et la France. En effet, rares sont ces hommes politiques à condamner les propos irrespectueux des autorités françaises dont Jean Yves Le Drian sur le Mali. Ils ont été indifférents malgré la multiplication de ces sorties injurieuses et humiliantes contre le Mali.
Le lundi encore, quand les politiques français dénonçaient l’expulsion de leur ambassadeur au Mali, ceux qui prétendent diriger le Mali sont restés dans un silence de mort, comme si les propos irrespectueux de Jean Yves Le Drian contre les autorités de leur pays ne les regardent pas. Ils n’ont pas su mettre le Mali au-dessus de leur divergence. Leur silence a d’ailleurs créé des frustrations au sein de la population. « Ce sont des adversaires politiques mais aujourd’hui la France est touchée via son ambassadeur au Mali. Et ils parlent tous : France. Les nôtres (les plus de 200 partis politiques) sont où pour le Mali. Après c’est pour venir demander aux gens de voter pour vous après un silence de cimetière au moment où le Pays a besoin de tous. Où est donc la maturité politique ? », s’est interrogé Ibrahim Khalil Touré su sa page Facebook. Comme lui, beaucoup de citoyens ont dénoncé l’indifférence de la classe politique à cette crise.
Il faut préciser que l’URD a fait un communiqué sur la situation. « Cette décision est la conséquence directe des agissements discourtois et répétés du ministre français de l’Europe et des Affaires Étrangères contre les autorités de la République du Mali, en violation du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain. Il demeure évident qu’un ambassadeur ne peut être accrédité auprès d’une autorité dont son pays ne reconnait pas la légitimité », a précisé le communiqué signé par Gouagnon Coulibaly.
Pour sa part, l’ADP-Mali a dénoncé les propos peu orthodoxes du ministre français de l’Europe et des Affaires Étrangères contre le Mali. « L’ADP-Maliba encourage et félicite le gouvernement du Mali dans toutes ses initiatives allant dans le sens de la défense de l’intégrité territoriale et de la restauration de l’autorité de l’État, du respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires intérieures de nos États », a précisé le communiqué.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS