La 12ème édition du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA 2022) est prévue du 5 au 12 mars 2022. Le directeur général de ce principal « marché » sur le continent des arts du spectacle, Patrick Hervé Yapi, a souligné dans une interview accordée à l’AIP que sa vision est de rendre les artistes ivoiriens industriels.
A quel niveau de préparation êtes-vous à quelques semaines du MASA ?
Les préparatifs du MASA vont bon train. La programmation est déjà établie, les groupes artistiques qui ont été sélectionnés dans neuf disciplines à la suite de l’appel à candidature à savoir, la danse, la danse contemporaine, la musique, les contes, le théâtre, les « street arts », l’humour, la mode et le slam ont commencé à recevoir leurs billets d’avions.
Les espaces qui doivent accueillir les spectacles sont déjà identifiés. D’autres sont en cours de travaux pour faire neuf afin que les artistes puissent prester dans de meilleures conditions. Je peux donc dire que nous sommes fin prêts.
Vu la situation sanitaire qui prévaut actuellement, quelle mesure comptez-vous prendre pour réduire les risques de contaminations ?
Les dispositifs sécuritaires et sanitaires sont déjà pris. A cet effet, une convention a été signée entre le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle et le ministère de la Culture et de l’Industrie des Arts et du Spectacle.
Pour assister aux festivités, les participants devront faire des tests PCR, tests antigéniques ou présenter le pass sanitaire.
Quel menu proposez-vous aux artistes, visiteurs et amateurs d’Arts et de Culture ?
Neuf disciplines seront au menu à savoir la danse, la danse contemporaine, la musique, les contes, le théâtre, les « street arts », l’humour, la mode et le slam.
Il est aussi prévu au programme des festivités, une activité dénommée le jeune public, le MASA festival, des expositions d’œuvres d’Arts, des stands et des rencontres professionnelles « Be to Be » afin de faire en sorte que nos artistes puissent se vendre devant les professionnels de leur discipline.
Pour cette année, quelles sont les principales innovations ?
En termes d’innovation, nous allons faire sortir une mascotte et l’hymne du MASA qui va nous accompagner sur tous nos passages télévisés. Elle va ensuite parcourir le territoire national lors des séances de formations que nous ferons.
Pour cette année, 26 pays sont invités. En ce qui concerne les participants, nous attendons 2600 artistes nationaux, 1 600 festivaliers internationaux et 15 000 visiteurs par jour.
Les innovations que nous apportons pendant cette biennale se poursuivra post MASA. Il s’agit de la formation des artistes, la numérisation de leurs œuvres pour que l’Industrie des Arts et l’industrie culturelle soit une réalité.
Quelle place accordez-vous aux artisans tradi-modernes pour accéder à ce marché international ?
Aujourd’hui, le rôle du MASA est d’aider ces artisans à avoir plus de visibilité, à s’exporter et à s’exprimer. A ce propos, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) débattra sur un thème portant sur la « découvrabilité » pour aller dénicher les talents de ces artisans afin de les mettre en exergue sur le numérique pour qu’ils puissent être vendus sur les marchés internationaux. Donc nous accordons un intérêt particulier à ce secteur.
Vous succédez à la direction du MASA, à Pr Yacouba Konaté, un féru et grand connaisseur de la culture ivoirienne. Comment entrevoyez-vous relever ce défi ?
Je voudrais tout d’abord, saluer le travail abattu par Pr Yacouba Konaté. Bien évidemment, la tâche s’annonce difficile mais pas impossible.
C’est pourquoi avec le Conseil d’administration du MASA une réorganisation a été faite notamment, la création d’un département communication marketing sponsoring, un département artistique et un département des ressources humaines pour impacter directement sur les activités du MASA.
Par rapport à la nouvelle vision que nous avons, il fallait créer tous ces départements pour que nous puissions avoir une belle organisation de notre travail en interne. Donc je pense que cette équipe que je dirige est en majorité jeune et consciente des enjeux et défis à relever.
Avec cette organisation nous pourrons pousser un peu plus haut le travail excellent que Pr Yacouba Konaté a réalisé durant des années.
Quel est votre vision ?
Notre vision est la vision du chef du gouvernement, Patrick Achi et celle que partage la ministre de la Culture et de l’Industrie des Arts et du Spectacle, Arlette Badou N’Guessan. Ainsi, nous avons la charge de l’appliquer sur le terrain car nous sommes à l’heure des industries culturelles et créatives (ICC) qui permettra aux artistes de passer à la phase d’industrialisation en procédant à des formations, à des numérisations de leurs œuvres.
Pourquoi avoir choisi le thème portant sur « les Industries culturelles créatives, le défi des contenus » pour cette 12ème édition du MASA ?
Nous avons choisi ce thème parce que la vision aujourd’hui est de rendre nos artistes industriels, des chefs d’entreprises parce qu’être artiste, c’est un métier et quand on fait un métier on doit pouvoir vivre de son métier. Certains rudiments leur manquent alors la plateforme MASA va les accompagner dans ce sens pour qu’ils disposent d’œuvres pérennes.
Les artistes ivoiriens vivent dans une situation de précarité parce que nous sommes encore à la phase primitive de leurs œuvres. Or aujourd’hui ils possèdent des œuvres et du talent pour pérenniser leurs Arts.
Qu’attendez-vous, finalement, des visiteurs, artistes et professionnels?
Je lance un appel à toutes les populations nationales, de la sous-région et de l’international à s’approprier le MASA. Je demande également aux artistes d’être mobilisés car c’est une tribune qui leur est offerte pour s’exprimer et se vendre devant des directeurs de festivals et des programmateurs.
J’appelle à la mobilisation de nos autorités gouvernementales, parce que le MASA est l’affaire de la Côte d’Ivoire. Leur présence rehausse le niveau de l’évènement pour que les artistes repartent avec le sentiment que leurs Arts les intéressent. (Aip)