Une mission malienne de haut niveau est attendue vendredi à Nouakchott, selon une note verbale de l’ambassade du Mali en Mauritanie. Cette visite intervient quelques jours après les accusations de la Mauritanie contre l’armée malienne, accusée de « crimes récurrents » contre ses ressortissants. Et cela après la disparition de plusieurs dizaines d’éleveurs mauritaniens en territoire malien. Des sources locales du côté de la Mauritanie affirment qu’ils auraient été tués par des soldats maliens.
C’est une délégation musclée qui se rendra à Nouakchott : composée du ministre des Affaires étrangères, de celui de l’Administration territoriale, du chef d’état-major général des armées et du directeur des renseignements maliens.
Selon la note, cette mission vise à « renforcer les relations bilatérales entre les deux pays ». Le ministre des Affaires étrangères demande donc un entretien avec le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani. Cette situation est inconfortable pour les deux parties.
D’un côté, Mohamed Ould Ghazouani est pressé par son opinion publique, très choquée de ces incidents sécuritaires. Un sit-in a été organisé mardi à Nouakchott et les associations des droits de l’homme demandent des comptes.
De l’autre, le Mali sous pression terroriste soutient fermement son armée. Mais le pays est aussi sous sanctions économiques de la Cédéao. Or la frontière mauritanienne représente l’un des derniers points d’entrée de marchandises sur son territoire.
Les autorités maliennes devront donc se soumettre à un difficile exercice d’équilibriste. Dans un communiqué publié mercredi soir, le porte-parole du gouvernement a en tout cas affirmé que pour l’heure, « aucune preuve ne met en cause les forces armées maliennes » dans cette affaire.
C’est le troisième incident sécuritaire en deux mois, qui frappe des Mauritaniens chez leur voisin. Les autorités maliennes ont annoncé mercredi soir une enquête.
D’habitude il y a une circulation normale entre les deux pays. La Mauritanie et le Mali ont toujours vécu en symbiose, depuis les premières années de l’indépendance.
Les Fama et Wagner présents dans la zone du drame
Depuis plusieurs semaines, cette région connaît un regain d’activité des Fama, les forces armées maliennes, avec leurs partenaires russes de la société privée Wagner. Ils sont plusieurs dizaines de combattants de Wagner à intervenir dans l’ouest malien, à la frontière mauritanienne. D’après plusieurs sources sécuritaires françaises, ils sont arrivés le 1er mars, accompagnés de soldats maliens.
Des renseignements français font état de « raids » menés par les Fama dans la région de Nampala, non loin de la frontière mauritanienne, et décomptent une trentaine de victimes civiles. Des opérations conjointes Wagner/Fama se poursuivent, provoquant aujourd’hui des déplacements de population.
Sur place, des sources locales affirment que des itinéraires sont imposés aux éleveurs et commerçants qui vont et viennent de part et d’autre de la frontière. Certaines parlent de check-points entre Tombouctou et Nara. Des mesures qui viseraient à « sécuriser » la frontière.
Quant au regain de violence contre les Mauritaniens, « rien n’explique cela, analyse un fin connaisseur des groupes armés de la région. Si ce n’est que le Mali veut montrer des résultats, quitte à commettre des bavures. »
D’après nos informations, au cours du mois de mars, deux avions russes en provenance de Libye ont acheminé de nouveaux combattants de Wagner, qui seraient environ 1 000 aujourd’hui.
Source: RFI