Le séjour d’une délégation malienne, les 11 et 12 mars, dans la capitale mauritanienne, aura permis de poser les jalons d’un partenariat visant à dissiper le malaise naissant entre les deux pays, suite à des événements dramatiques à la frontière. Ce partenariat consiste à jouer la carte de la transparence et à mener des patrouilles conjointes le long de la frontière commune

Mettre en place une mission conjointe ad hoc d’établissement des faits chargée de faire la lumière sur les derniers événements de El Attaye (El Ghattaye) qui entamera son travail dans les meilleurs délais ; partager, dans les meilleurs délais, les résultats de l’enquête diligentée par le gouvernement du Mali relativement aux événements du 17 janvier dernier, à Akor ; sanctionner, aussi sévèrement que la législation malienne l’autorise, les auteurs de ces crimes odieux. 


Ce sont là les principaux points du communiqué qui a sanctionné la visite en Mauritanie d’une délégation malienne de haut niveau, suite aux événements tragiques qui ont conduit les 5 et 6 mars 2022, dans la localité de El  Attaye, sur le territoire malien, à la disparition d’un groupe de citoyens mauritaniens. 

En outre, Maliens et Mauritaniens se sont engagés à créer un cadre conjoint de concertation, de mutualisation et de partage d’information afin de prévenir efficacement de pareils événements ainsi qu’à organiser des patrouilles conjointes le long de la bande frontalière.  

Conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, cette délégation, sur instruction du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a effectué une visite de travail et d’amitié, à Nouakchott, les 11 et 12 mars 2022. Lors des entretiens, la délégation malienne a présenté les profonds regrets du chef de l’État, le colonel Assimi Goïta, “quant à la disparition de citoyens mauritaniens à El Attaye ainsi que sa sincère compassion à l’endroit des familles des disparus et du peuple mauritanien”. 



Elle a également exprimé au président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et au peuple mauritanien, toute la gratitude du gouvernement et du peuple malien pour le soutien et l’accompagnement multiforme de la Mauritanie au Mali victime de l’insécurité. Aussi, ajoute le communiqué, la délégation mauritanienne a, elle aussi, rappelé son attachement aux liens séculaires qui unissent les deux pays. Elle a, par ailleurs, souligné que, depuis un certain temps, des citoyens mauritaniens sont victimes, sur le territoire malien, d’assassinats et d’exactions tragiques inacceptables. 

Dans le souci de préserver le vivre ensemble et les relations séculaires de fraternité et de bon voisinage entre les deux pays, les deux parties ont rappelé la nécessité d’œuvrer ensemble de manière à éviter la survenance d’actes portant atteinte aux biens et à l’intégrité physique des citoyens mauritaniens au Mali. C’est fort opportunément que la partie malienne a rappelé, par la même occasion, la force des relations d’amitié et de fraternité qui unissent les deux peuples. Au-delà de partager une très longue frontière, le Mali et la Mauritanie appartiennent à plusieurs organisations, notamment le G5 Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.



AUCUNE PREUVE- Outre le fait qu’il suscite une légitime interrogation, le timing de la survenance de ces incidents paraît assez troublant. Face aux sanctions que lui ont imposées depuis le 9 janvier dernier la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), le Mali a élaboré un plan de riposte. Afin d’atténuer les effets de l’embargo, nul doute que la République sœur de Mauritanie jouera un rôle important dans ce dispositif qui est conforme, du reste, à la dynamique de diversification des partenariats désormais privilégiée par les autorités de la Transition. Dans ce contexte, pour contourner la stratégie consistant à “asphyxier le Mali”, le port de Nouakchott devient un enjeu stratégique qu’ont assez vite compris les premiers responsables des deux États.   
  


Signe tangible de ce partenariat mutuellement bénéfique, il y a quelques jours, l’on a assisté à l’acheminement du coton malien par des dizaines de camions vers le port de Mauritanie. Conscients de l’importance du coton dans l’économie nationale, les dirigeants maliens ont été bien inspirés d’avoir opté pour ce schéma. Le Mali est, en effet, l’un des champions en Afrique en matière de production du coton avec une production estimée à plus de 700.000 tonnes lors de la dernière campagne. 

Ayant une claire conscience de l’importance de ce pays voisin dans le contexte actuel, le gouvernement ne ménage pas ses efforts pour faire la lumière sur ces événements dramatiques qui menacent la bonne qualité de nos relations. Revenant sur la question de la disparition de citoyens mauritaniens, le gouvernement, dans un communiqué publié hier, a rappelé le professionnalisme des Forces armées maliennes qui sont soucieuses du respect des droits humains, comme en attestent notamment l’interpellation, suivie de la libération saine et sauve de 29 ressortissants mauritaniens, depuis la fin de l’année dernière, à ce jour. 

Il soutient que sur la base de preuve matérielle technologique, il s’avère qu’aucune patrouille militaire des FAMa n’était présente dans la zone et aux dates indiquées et jusqu’à présent, aucune preuve matérielle ne permet d’incriminer les soldats maliens.

Circulation interdite dans les forêts de Wagadou et de Gringalé

Pour prévenir toute dégradation de l’excellente relation séculaire de bon voisinage entre la Mauritanie et le Mali et pour préserver l’intégrité physique, ainsi que les biens des citoyens maliens et mauritaniens, les autorités militaires ont décidé d’interdire strictement toute circulation de personnes civiles dans les zones de la forêt de Wagadou et de la forêt de Gringalé, où se déroule l’opération militaire “Maliko”. 



Le gouvernement annonce cette mesure dans le communiqué rendu public après le séjour de la délégation malienne en terre mauritanienne, les 11 et 12 mars 2022, sous la conduite du chef de la diplomatie Abdoulaye Diop. Elle était composée du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, du chef d’État-major général des Armées, le général Oumar Diarra et du directeur général de l’Agence nationale des renseignements, le colonel Modibo Koné.Cette mesure est sans nul doute salutaire et permettra d’éviter que les populations civiles ne se retrouvent prises entre deux feux. Elle empêchera aussi que les terroristes se fondent parmi les civiles pour échapper à la force de frappe des forces armées. Dans cette zone, le travail des militaires est rendu difficile par le fait que les terroristes, après leurs forfaits, cachent leurs armes et vivent tranquillement dans leurs familles. Du coup, ils peuvent se faire passer pour de paisibles bergers ou d’innocents voyageurs. (abamako.com)