Les travaux du ‘1er Sommet de la cybersécurité au Togo’ se sont ouverts ce mercredi 23 mars au Centre International des Conférences de Lomé. Ils dureront jusqu’au 24 mars 2022 et jetteront les bases durables d’une indispensable coopération intra-africaine face aux enjeux et défis de la cybersécurité pour l’économie numérique du continent africain promise à un bel avenir.

Cet important rendez-vous du donner et du recevoir autour du numérique, ses défis et ses mutations émane d’une co-organisation de la République togolaise et de la CEA (Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique). Il rassemble essentiellement des ministres, des dirigeants du secteur privé ainsi que des leaders d’OSC (Organisations de la Société civile). Avec pour finalité majeure «d’engager un dialogue en vue d’établir un diagnostic du phénomène, de proposer des pistes de coopération et de coordination pour répondre aux défis et enjeux pressants auxquels tous les acteurs africains sont confrontés en matière de cybersécurité», détaillent les organisateurs.

Ce Sommet ouvert par le Président de la République togolaise, Faure Gnassingbé et auquel prend part la Secrétaire exécutive de la CEA (et Sous-Secrétaire des Nations Unies), Vera Songwe, vise ainsi plusieurs objectifs. Entre autres, explorer et évaluer l’état de la cybersécurité en Afrique du point de vue juridique, technique, organisationnel, renforcer les capacités et coopération.

Ou encore évaluer l’état de la coopération en matière de cybersécurité aux niveaux régional et mondial ainsi que l’engagement africain à l’égard de la «Convention de Malabo de l’UA (Union Africaine) sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel». Cette Convention de l’UA adoptée le 27 juin 2014 n’est, pour l’heure, ratifiée que par une quinzaine d’Etats sur les 55 du continent africain. Le rendez-vous continental autour du numérique à Lomé sera de ce fait une nouvelle occasion pour formuler divers plaidoyers pour l’accélération de la ratification de cette importante Convention en Afrique.

«Maintenant que les cadres réglementaires ont largement été mis en place, nous souhaitons proposer des idées innovantes en matière de coopération opérationnelle, pour faire face aux menaces de façon concrète et décisive. Comme l’espace numérique ne tient pas compte des frontières de nos États, nous n’avons d’autre choix que de renforcer la collaboration et la coopération internationales», soutient sans ambages sur le sujet Cina Lawson, ministre de l’Économie Numérique et de la Transformation Digitale du Togo.
Pour faire avancer toutes ces questions sur le continent africain, le Sommet des 23 et 24 mars va adopter la ‘Déclaration de Lomé’. Il s’agit d’un medley de recommandations d’experts à l’endroit des décideurs politiques. Des recommandations qui devront ensuite être examinées par les Chefs d’État et de Gouvernement africains pour assurer une cybersécurité répondant aux besoins de la transformation numérique du continent. Cette ‘Déclaration de Lomé’ est intimement connectée à l’agenda onusien autour du développement durable à l’horizon 2030 à travers les 17 ODD (Objectifs du développement durable), et l’Agenda 2063 de l’UA (qui projette le développement du continent africain au cours des prochaines décennies).
Par ailleurs, le modèle innovant togolais de partenariat public-privé en matière de cybersécurité et de synergie entre les acteurs de l’écosystème du numérique sera présenté au cours de ce Sommet. Il s’agit de l’entreprise Cyber Defense Africa (détenue majoritairement par l’Etat togolais et composée essentiellement de Togolais), un modèle de partenariat public-privé développé par l’Etat du Togo pour mieux se protéger contre la cybercriminalité. La spécificité de Cyber Defense Africa réside dans l’offre de contrats qui permettent d’établir un transfert de compétences dans l’écosystème de la cyberdéfense en Afrique.

La cybercriminalité, un mal au long cours auquel est confrontée l’Afrique

Ces deux dernières décennies, les pays africains connaissent une profonde mutation liée à l’adoption rapide des technologies numériques. Cette transformation digitale dont l’accélération se confirme ces dernières années métamorphose les sociétés, en révolutionnant tous les secteurs d’activités et en remodelant le quotidien des populations à travers le continent. Ce recours massif au numérique expose malheureusement un peu plus les Etats, leurs Gouvernements, les entreprises et les citoyens africains aux cybermenaces.

Selon des chiffres provenant de la CEA, ces cybermenaces constituent une situation inquiétante pour la florissante économie numérique en Afrique qui «devrait générer 180 milliards de dollars US d’ici 2025, soit 5,02% du PIB continental, et atteindra 712 milliards en 2050, soit 8,5% du PIB de ce continent».
Ainsi, de la protection des données à la résilience des systèmes des Etats africains face aux cyberattaques, les défis demeurent donc immenses. Et commandent une collaboration étroite de l’ensemble des parties prenantes et une plus grande mobilisation à tous les niveaux: local, national, sous-régional, régional, continental et mondial. (alome.com)