Accusée d’« espionnage » et de « subversion » par Bamako, l’armée française a réfuté ce vendredi ces arguments et se dit prête à tout « pour apporter la preuve de sa bonne foi ».La guerre de l’information continue entre Paris et Bamako. Mercredi 27 avril, le gouvernement malien s’est violemment attaqué à la France après la découverte d’un charnier à Gossi (centre), près de la base récemment restituée par la force Barkhane. Il l’accuse de violer « délibérément » son espace aérien « depuis le début de l’année » par l’utilisation de drones et d’aéronefs. Il affirme avoir relevé « plus de cinquante cas » de ces violations même si l’armée note qu’elle a le droit de déployer un drone dans la zone. « Les forces françaises qui sont déployées au Mali le sont dans le cadre d’un accord de stationnement de la force Serval qui date de mars 2013 et qui prévoit dans son article 5 une liberté de circulation, une liberté de mouvement pour les forces françaises et à aucun moment nous ne nous sommes rendus coupables de violations ou d’activité d’espionnage vis-à-vis des Maliens », a dit le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l’état-major français. La semaine dernière, l’armée française a révélé la mise en scène d’un charnier dans cette localité du centre du Mali et accuse les mercenaires de la société privée russe Wagner d’être à l’origine de l’opération. Paris avait publié ces images filmées à partir d’un drone pour contrer ce qu’elle qualifie d’« attaque informationnelle ». L’armée française a affirmé ensuite que les mercenaires russes ont enterré ces corps près de sa base pour l’accuser de crimes de guerre au Mali. La menace de Paris Hier également, l’état-major français a diffusé des photos de militaires blancs faisant du sport dans le camp de Gossi qui a été restitué il y a dix jours à Bamako. Pour Paris, c’est une nouvelle preuve de la présence de Wagner. « Nous faisons face en permanence à des actions de désinformation, des campagnes de dénigrement et notre principale arme, c’est la transparence et montrer par les images. Si besoin, nous déclassifierons des informations relevant du renseignement militaire pour apporter la preuve de notre bonne foi et surtout contrer tous ces adversaires qui attaquent indument les armées françaises », a menacé le colonel Ianni. En attendant, le bras de fer reste intense. Ce vendredi, le gouvernement malien a étendu la Zone interdite temporaire (ZIT) qu’il avait créée le 14 avril. Tout survol est censé être interdit au-dessus de cette région longue de plus de 1000 km. Désormais, elle englobe Gossi et se rapproche de Gao. Une ZIT dont l’objectif, selon Paris, serait surtout de permettre le déploiement du groupe Wagner, loin des regards étrangers. Plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde que le déploiement de forces étrangères n’a pas permis de régler, le Mali a connu deux coups d’Etat militaires depuis août 2020. Cette situation a occasionné l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Par ailleurs, la junte au pouvoir s’est progressivement rapprochée de Moscou en même temps qu’elle se détournait de la France, engagée militairement dans le pays contre les jihadistes depuis 2013. Paris a annoncé en février dernier son retrait du Mali, précisant que cette opération allait s’achever à l’été. Si les attaques terroristes ont visé ces derniers jours des camps militaires du centre et du nord du pays, les autorités maliennes insistent en revanche sur « la montée en puissance des Forces Armées Maliennes (FAMa), motif de fierté du peuple malien, (qui) se traduit notamment par des victoires éclatantes contre nos ennemis, ainsi qu’un contrôle de plus en plus efficace du territoire national et de l’espace aérien ».
L’article Mali: l’armée française plaide non coupable du charnier de Gossi est apparu en premier sur Journal de Brazza.