La Fondation Josef et Anni Albers et Le Korsa, son entité au Sénégal, inaugureront un centre culturel ouvert, avec des salles d’exposition et de conférence, dans le sud-ouest du pays.
« Bët-bi », « l’oeil » en wolof, c’est le nom du nouveau musée et centre culturel qui ouvrira ses portes près de la ville historique de Kaolack, dans le sud-ouest du Sénégal, en 2025. L’initiative vient de la fondation philanthropique Josef et Anni Albers (deux artistes du Bauhaus), créée en 1971 et installée près de New Haven, dans le Connecticut (États-Unis).
Directeur exécutif de la fondation depuis 40 ans, Nicholas Fox Weber a développé depuis 2005 Le Korsa (« l’amour né du respect » en pulaar), « entité chargée des activités philanthropiques de la Fondation Albers dans les régions rurales du Sénégal » à l’origine de plusieurs projets : le centre culturel Thread inauguré en 2015, l’école élémentaire de Fass, ouverte en 2019, et plus récemment la construction d’une nouvelle aile pour l’hôpital de Tambacounda.
Rapatriement d’objets
Le centre culturel Bët-Bi sera un complexe ouvert de 1000m2 installé non loin de la grande concentration de mégalithes de Sénégambie, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Il comprendra des salles d’exposition, des espaces dédiés à l’organisation d’événements et une bibliothèque. Ses expositions seront consacrées « à l’art africain présent et passé », aux « cultures d’Afrique subsaharienne » et le personnel et les commissaires seront recrutés localement.
Le centre aura aussi pour ambition d’aider au rapatriement d’objets africains sur leur continent d’origine « en facilitant les négociations avec des musées occidentaux et en offrant une solution temporaire aux nations et communautés n’ayant pas les infrastructures nécessaires à la conservation de leurs œuvres ». Des partenariats seront mis en place avec des institutions essentiellement africaines.
La Fondation Albers et Le Korsa ont choisi l’atelier Masōmī et sa fondatrice, l’architecte d’origine nigérienne Mariam Issoufou Kamara, qui ont notamment dessiné le complexe culturel Hikma de Dandaji, au Niger. Diplômée de l’Université de Washington, cette dernière a été récompensé par le prix Prince Klaus en 2019. Trois autres cabinets africains étaient en lice : Aziza Chaouni Projects (Maroc/Canada), Mass (Rwanda), Meskerem Assegued et Elias Sime (Ethiopie).
Eau, vent, soleil
Le projet pensé pour Bët-Bi mêlera techniques de constructions durables et traditionnelles, l’atelier Masōmī comptant travailler en relation étroite avec les artisans locaux. Son architecture s’inspirera des peuples qui ont occupé les lieux depuis le XIe siècle et de leurs liens avec les éléments, le soleil, le vent et l’eau.
« Nous sommes partis de l’histoire du site et notamment de l’origine fascinante du royaume du Saloum, fondé conjointement par les peuples sérère et mandingue, écrit Kamara. […] Face à cette histoire millénaire, les musées et galeries d’art sont une création récente. Il était par conséquent important pour moi que le projet ait l’ambition de repenser le concept de musée et de proposer une alternative audacieuse à la manière dont l’espace est utilisé pour ces institutions. »
Pour l’heure, la Fondation Albers et Le Korsa n’ont pas donné d’estimation globale de l’investissement, ni précisé le nombre d’emplois susceptibles d’être créés. Nicholas Fox Weber renvoie à la maxime de Josef Albers : « Un minimum de moyens pour une maximum d’effets ». (Jeune Afrique)