Au lendemain de la première attaque terroriste menée contre le pays, le président togolais a décidé d’envoyer des renforts non loin de la frontière burkinabè et d’accélérer les projets sociaux.

Alors que les groupes terroristes ne cessent d’étendre leur emprise vers les pays côtiers, l’attaque qu’a subie le Togo était redoutée depuis des mois. Pour la première fois, le pays a été frappé dans la nuit du 10 au 11 mai : le poste militaire de Kpékpakandi au nord du pays a été pris pour cible, huit soldats ont été tués, treize autres blessés. Aussitôt, les autorités togolaises ont condamné un assaut « lâche et barbare », avant d’annoncer plusieurs mesures. Selon nos informations, le dispositif de l’opération Koundjoare dont fait partie le poste attaqué sera réorganisé pour mieux contenir la menace terroriste.

Montée en puissance

Alors que des contrôles et un large ratissage ont été lancés immédiatement après l’attaque, une centaine d’hommes va être envoyée dans la région des savanes pour renforcer les différents postes de sécurité. Des équipements techniques et de nouvelles armes, dont des mitrailleuses, ont également été mis à la disposition des équipes qui restent désormais sur le qui-vive le long de la frontière avec le Burkina-Faso. « La mission consiste à renforcer le verrouillage systématique du cordon frontalier », explique une source sécuritaire.

La sécurisation de cette région s’annonce déjà difficile tant les groupes terroristes sont implantés de l’autre de côté de la frontière, au Burkina Faso. À plus long terme, le ministère des Armées a annoncé qu’il recruterait de nouveaux militaires dans les rangs des Forces armées togolaise. D’ici juin, 1 555  nouvelles recrues achèveront leur formation au Centre national d’instruction des forces armées togolaises (CNI/FAT) de Kara.

Une montée en puissance des effectifs était prévue : selon sa première loi de programmation militaire, le Togo consacrera 722 milliards de Francs CFA au renforcement des équipements de ses forces armées. Les effectifs passeront de 17 773 hommes fin 2020 à 22 020 en 2025. L’armée de terre, composée de plusieurs unités spécifiques, se verra dotée d’équipements supplémentaires avec 15 chars de combat légers, 25 véhicules blindés de transport des troupes, 127 véhicules tactiques légers, 7 porte-engins, 4 véhicules légers de commandement, 19 véhicules légers de reconnaissance et de liaison, 20 embarquements motorisés et 59 véhicules de transport logistique.

Sortir du tout sécuritaire

La région des savanes, la plus pauvre du pays et la plus exposée à la menace terroriste, fait l’objet d’un programme d’urgence de développement d’un montant de plus 16 milliards de Francs Cfa.  Des forages seront entrepris dans près de 30 localités frontalières, des adductions d’eau potable dans toutes les bases militaires de la préfecture sont prévues, des lampadaires solaires seront installés et des unités de soins périphériques (USP) seront construites à Nassiégou et Safobé. Les hôpitaux existants verront leurs plateaux techniques renforcés. Enfin, 150 kilomètres de pistes rurales sont en chantier pour désenclaver la zone.

Alors que les groupes terroristes utilisent les populations locales pour prospérer, une vaste campagne de sensibilisation est également lancée pour mettre les habitants de la région à contribution dans la remontée des informations. (Jeune Afrique)