Le pays de Joe Biden boude le gouvernement camerounais suite à la signature d’un accord militaire avec la Russie en pleine crise ukrainienne, le 12 avril 2022.

Contrairement aux usages diplomatiques qui montrent que les relations entre le Cameroun et les USA sont au beau fixe, celles-ci souffrent néanmoins de quelques perturbations. Depuis la signature de l’accord militaire à Moscou entre le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense Joseph Beti Assomo et son homologue russe, le général Serguei Choigou, les actes et les discours des Américains vis-à-vis des Camerounais, un fidèle des fidèles du pré carré français, sont teintés d’une velléité de protestation.

La riposte américaine

Le 15 avril 2022, trois jours après la signature de la convention, le président américain Joe Biden a discrètement accordé à 40 000 Camerounais demandeurs d’asile, le statut de personnes protégées aux Etats Unis. Ces personnes vivant dans la région métropolitaine de Washington D.C et en Californie, ont introduit la requête dans la mouvance de la crise sécuritaire des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Cet avantage demandé par l’advocate haïtienne Guerline M.Jozef, fondatrice de la Cameroonian Advocacy Network, a longtemps été refusé aux compatriotes de Paul Biya.

Dans le même sillage, l’ancien sous-secrétaire d’Etat aux affaires africains du président Donald Trump, ancien vice-chef de mission diplomatique américaine à Yaoundé M.Tibor P. Nagy, a posté un tweet tumultueux le 20 avril 2022.

Ce post vient en appui de la riposte américaine contre le régime de Yaoundé. « Je n’arrive pas à croire que le gouvernement camerounais ait, dans un timing incroyablement mauvais, signé un accord militaire avec la Russie-au plus fort de l’agression en Ukraine. Cela est un piquant sur les yeux des Etats-Unis et de la France, deux pays dont le Cameroun pourrait avoir besoin de leur aide à l’avenir. Mais tant mieux pour les Ambazoniens ! »

Yaoundé répond par le silence

A la lecture des faits et gestes des USA, le Cameroun n’aurait pas dû s’engouffrer dans pareil engagement avec un Etat placé sous embargo aérien par la communauté européenne. Si dans sa publication Tibor Nagy s’appuie sur le timing (la crise ukrainienne) pour condamner la démarche, du côté du gouvernement camerounais, c’est le silence qui règne. Certains Camerounais actifs sur les médias sociaux fustigent la réaction des Américains qui, selon eux, semblent vouloir imposer le choix des partenaires à un Etat souverain dans un monde libre et démocratique.

Le contenu de l’accord

Le Cameroun et la Russie ne sont pourtant pas à leur premier accord du genre. Le 15 avril 2015, un premier accord a été signé entre les deux partenaires, et cet engagement n’a pas suscité autant de réactions. Le contenu du nouvel accord n’apporte pourtant pas un grand changement aux anciennes clauses.

Il est basé sur « l’échange d’opinion et d’informations en matière de politique de défense et de sécurité internationale ; le développement des relations dans le domaine de la formation conjointe et l’entrainement des troupes  (des forces), de génie, d’enseignement militaire, de médecine, de topographie militaire, de sport et de la culture ; l’échange d’expérience de maintien de la paix et d’interaction dans les opérations de soutien à la paix sous l’égide des Organisation des nations unies ; l’interaction dans les activités de lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime », peut-on lire.

Par la signature de cet accord, le Cameroun maintient ses relations avec la Russie et celles avec les autres partenaires européens. Le Pays de Paul Biya poursuit sa mouvance de diversification des partenaires mondiaux en vue de son développement. Et plus encore, il ne figure pas, tout comme les autres pays africains, sur la liste des pays inamicaux de la Russie rendue publique en mars 2022 par Vladimir Poutine. Aux pays africains, la Russie a promis de vendre en priorité le blé lorsque les pays occidentaux annoncent la famine sur le continent noir.

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