Macky Sall se rend à Moscou ce jeudi 2 juin. C’est ce qu’indiquent des sources à la présidence à Dakar. Le chef de l’État sénégalais, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, doit rencontrer son homologue Vladimir Poutine, pour « porter la voix de l’Afrique » dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Un conflit qui pèse lourdement sur les économies du continent.
Le départ est prévu ce jeudi matin, direction Sotchi pour un entretien avec Vladimir Poutine. Macky Sall sera accompagné par Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine.
Ce déplacement en Russie, Macky Sall l’avait annoncé lors de la visite du chancelier allemand à Dakar le 22 mai dernier. « Nous voulons la paix, nous travaillons pour qu’il y ait un cessez-le-feu », « c’est ça la position africaine » avait dit le chef de l’État. Mais il avait en réalité été décidé le 10 mai dernier, lors d’une réunion du bureau élargi de l’Union africaine, « pour contribuer à l’accalmie dans la guerre en Ukraine », selon la présidence à Dakar, et « à la libération des stocks de céréales et de fertilisants dont le blocage affecte particulièrement les pays africains » indique son communiqué.
Le président sénégalais a souligné à plusieurs reprises les conséquences du conflit pour le continent, notamment la hausse du coût des hydrocarbures, et les difficultés d’accès au blé, en grande partie importé de Russie et d’Ukraine. Il devrait donc plaider pour des facilités d’approvisionnement.
Alors que le Sénégal s’était abstenu lors du premier vote de la résolution de l’ONU condamnant la Russie, Macky Sall se pose en médiateur. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui, avait exprimé à Macky Sall son souhait de s’adresser aux chefs d’État africains. D’après nos interlocuteurs à la présidence, il n’est pas prévu d’étape à Kiev dans la foulée : « Un voyage en Ukraine fera l’objet d’une autre séquence ». Pas de précision à ce stade sur un calendrier. Le président sénégalais devrait quitter la Russie vendredi pour se rendre au sommet de la Cédéao à Accra.
Crise alimentaire
La priorité de Macky Sall et Moussa Faki est avant tout de tenter de résoudre la crise alimentaire qui menace l’Afrique. Le président en exercice de l’Union africaine et le président de la Commission de l’organisation panafricaine ont reçu un mandat clair de la part de l’Union africaine : rendre possible pour l’Ukraine et à la Russie d’exporter leurs céréales et les engrais dont le monde a besoin.
Il s’agit selon ce que disait en début de semaine le président sénégalais devant les Européens, d’éviter une grave crise alimentaire en Afrique. Car en plus du renchérissement du prix du blé, désormais c’est la flambée des prix des engrais qui menace les récoltes. Cette flambée pourrait provoquer dès cette année un effondrement de 20 à 50% des rendements céréaliers en Afrique, affirme Macky Sall.
En effet, nombre de pays dépendent des engrais produits en Russie, en Ukraine et en Biélorussie. Or, l’effet des sanctions sur la Russie, ceux de la guerre qu’elle a elle-même déclenché, ceux enfin de la hausse des prix du gaz ont fait bondir les prix des engrais azotés devenus inabordables pour les agriculteurs d’Afrique. D’ailleurs la Banque africaine de développement va financer un demi-million de tonnes d’engrais, principalement pour les pays du Sahel.
D’autres programme de financement d’engrais mais aussi de céréales ont été annoncés par la Banque mondiale et les agence de développement. L’Afrique ne veut pas être la victime collatérale de la guerre en Ukraine. Elle active donc sa diplomatie avant que le pire annoncé ne se réalise. (rfi.fr)