Sauf changement de dernières minutes, un sommet extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) se tiendra ce samedi, 04 juin 2022, à Accra (au Ghana). L’ordre du jour portera sur la situation des Transitions au Mali, en Guinée et au Burkina Faso (trois pays actuellement dirigés par des juntes militaires arrivées au pouvoir par le crépitement des armes). Et, des sanctions pourraient bien tomber contre ces pays, notamment la Guinée et le Burkina Faso (le Mali étant déjà sous de lourdes sanctions économiques et financières de l’organisation sous-régionale).

Mais que risque particulièrement la Guinée au sortir de ce sommet de la CEDEAO ?

On sait qu’au sommet du 25 mars dernier, la CEDEAO avait exprimé sa « forte préoccupation » par rapport à « l’absence de lisibilité » sur la Transition en Guinée. Elle avait aussi déploré la dégradation de la situation sociopolitique dans ce pays à cause de l’insuffisance de dialogue entre les autorités de la Transition et les acteurs politiques. Et, face à cette situation, l’organisation sous-régionale avait demandé à la junte militaire dirigée par le Colonel Mamadi Doumbouya de « produire un chronogramme acceptable » au plus tard le 25 avril. « Passé ce délai, des sanctions économiques et financières entreront immédiatement en vigueur », avait menacé la CEDEAO.

Seulement, à l’approche du sommet du 25 avril, une mission du gouvernement guinéen, conduite par le ministre des Affaires Étrangères, Morissanda Kouyaté, avait séjourné au Ghana, pour demander un délai supplémentaire à la CEDEAO. Ce délai a été accordé à la junte guinéenne ; et, la CEDEAO n’a donc pas mis à exécution ses menaces. Mais, ces derniers planent toujours sur la Guinée comme une épée de Damoclès. Et, l’organisation sous-régionale pourrait bien mettre en marche le rouleau compresseur pour contraindre la junte guinéenne (le CNRD) à être plus attentive à ses préoccupations et propositions.

La CEDEAO peut alors décider de faire pleuvoir des sanctions économiques et financières sur la Guinée, à l’image de celles infligées au Mali, le 09 janvier dernier. Il faut donc craindre par exemple la fermeture des frontières, la suspension des échanges commerciaux, le gel des avoirs, le blocage des aides financières. En somme, il est à craindre un embargo qui viserait à asphyxier l’économie guinéenne dans le but de ramener la junte du colonel Mamadi Doumbouya à de meilleures intentions. Car, depuis l’ultimatum de fin mars, la situation sociopolitique n’a quasiment pas évolué en Guinée. Tout au contraire ! Le cordon est quasiment rompu entre les autorités de la Transition et l’écrasante majorité des grands acteurs de la vie politique et sociale du pays. Et, le chronogramme promulgué par la junte guinéenne et qui fixe à 36 mois (soit 3 ans) la durée de la Transition n’a arrangé en rien les relations entre la Guinée et la CEDEAO. Il a, au contraire, envenimé la situation. La récente sortie sur Africa24 de Jean-Claude Kassi Brou, le président de la commission de la CEDEAO, laissant entendre qu’« un coup d’Etat militaire qui s’apparente à un mandat électif pose un problème » est une parfaite illustration de l’agacement de la CEDEAO face à l’indifférence que lui oppose le CNRD au pouvoir en Guinée depuis le 05 septembre 2021. Et, tout cela risque de coûter cher à la Guinée, dès ce 04 juin. (guineematin.com)