Après la démission de Charaf-Eddine Amara, la Fédération algérienne de football (FAF) élira un nouveau patron en juillet prochain. Les deux probables candidats sont également des proches de Mohamed Raouraoua, l’ancien président de l’instance.

Les deux dernières victoires de l’Algérie face à l’Ouganda (2-0) et en Tanzanie (2-0) lors des qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2023 en Côte d’Ivoire ont redonné le sourire aux supporteurs des Fennecs, marqués par la cruelle élimination du Mondial 2022, le 29 mars face au Cameroun (1-0, 1-2).

Mais en coulisses, le tableau est beaucoup moins réjouissant. Avant les deux matchs de son équipe, fin mai, Djamel Belmadi, le sélectionneur algérien, avait déclaré à propos de la FAF « qu’elle était instable, incohérente, on ne sait pas qui fait quoi ».

Dans un peu moins d’un mois, puisqu’il est question d’élire entre le 5 et le 10 juillet le successeur de Charaf-Eddine Amara, qui a annoncé sa démission le 31 mars, Djamel Belmadi connaîtra l’identité de son nouveau patron. À ce jour, deux noms reviennent avec insistance pour remplacer Amara, élu en avril 2021 et dont le mandat n’aura duré que quatorze mois.

Il s’agit de Djahid Zefizef, que le sélectionneur connaît bien puisqu’il a été nommé en janvier manager général de la sélection nationale après le limogeage d’Amine Labdi pour faute professionnelle grave, et de Walid Saadi.

L’un et l’autre ont occupé des responsabilités au sein de la Fédération algérienne de football (FAF), notamment sous les présidences de Mohamed Raouraoua, de 2001 à 2005, puis de 2009 à 2017. Djahid Zefizef a été vice-président de la FAF et même membre du Bureau fédéral lors de l’élection de Kheireddine Zetchi, en 2017, un poste dont il a démissionné en septembre 2018.

L’ombre de Raouraoua

Quant à Walid Saadi, ancien dirigeant de l’ES Sétif et ex-coordinateur des sélections nationales, il avait envisagé de se présenter à l’élection en avril 2021, avant de renoncer, faute de réels soutiens. La situation semble pourtant avoir changé. Selon nos informations, Mohamed Raouraoua (74 ans), lors d’une rencontre avec Abderrezak Sebgag, le ministre des Sports, lui aurait soufflé le nom de son ex-collaborateur comme un candidat très présentable.

L’ex-président de la FAF, qui est vice-président d’honneur de l’Union des associations arabes de football (UAFA), est toujours membre de la Commission des finances de la FIFA. « Il se dit qu’on lui a proposé de se présenter, mais qu’il aurait refusé pour des raisons personnelles. Toujours est-il que si ce n’est pas lui, le fait de voir deux de ses anciens collaborateurs être tentés par une candidature n’est évidemment pas anodin, même si on le sait beaucoup plus proche de Saadi que de Zefizef », suppose un familier des coulisses de la FAF.

En Algérie, Raouraoua bénéficie d’une certaine popularité, car ses partisans rappellent que la sélection nationale s’est remise à obtenir de bons résultats sous sa présidence, se qualifiant notamment pour les Coupes du Monde 2010 et 2014. Son mandat a aussi coïncidé avec une amélioration notable de la santé financière de la FAF. Mais ses détracteurs lui opposent un bilan beaucoup moins reluisant sur la question du football local.

« De toute manière, ici, on a l’habitude de parler du président de la sélection nationale, plus que du président de la FAF. C’est vraiment la seule chose qui les intéresse. Le reste, le championnat local, les amateurs, la formation, c’est secondaire. Tant que la sélection parvient à obtenir des résultats, participe à la CAN ou à la Coupe du Monde, c’est pour eux l’essentiel. C’est bon pour l’image du pays et pour les finances de la fédération », soupire un dirigeant d’un club professionnel.

Zefizef potentiellement inéligible

Un retour aux affaires de Mohamed Raouraoua, que Jeune Afrique n’a pas réussi à joindre, semble donc se dessiner, à condition que ses deux anciens collaborateurs soient éligibles. Si c’est le cas pour Saadi, ça l’est moins pour Djahid Zefizef. Les statuts de la FAF interdisent en effet à un ancien membre démissionnaire du Bureau fédéral de se présenter à l’élection.

Or Djahid Zefizef a quitté son poste en septembre 2018, lorsque Kheireddine Zetchi présidait l’instance, pour des raisons professionnelles. Et l’article 26.3 des statuts de la FAF écartent toute possibilité de candidature de membres du Bureau fédéral ayant quitté leur fonction autrement que pour des raisons de santé, de mutation professionnelle à l’étranger ou de cumul de mandat électif ou politique.

De plus, Djahid Zefizef a siégé au sein de plusieurs Bureaux fédéraux en raison de son appartenance au conseil d’administration de l’AS Khroubie, un club alors professionnel, mais qui évolue désormais au niveau régional.

L’actuel manager général de la sélection ne peut donc, si les statuts sont respectés, être candidat. « Mais il faut s’attendre à tout. Si on décide que Zefizef doit être candidat, il le sera. N’oublions pas que c’est un commis de l’État », ajoute un autre connaisseur des arcanes du ballon rond algérien. Mohamed Raouraoua, Kheireddine Zetchi et Charaf-Eddine Amara sont bien placés pour le savoir… (Jeune Afrique)