La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes et l’association Ivoirienne pour le Droit des Femmes ont dit leur indignation face au projet de loi portant sur la légalisation de la polygamie introduit par Sangaré Yacouba, député élu de la Circonscription électorale de Koumassi.

« Trop c’est trop! Ce projet de loi est une provocation aux droits des femmes », a déclaré Constance Yaï, ancienne ministre des femmes de Côte d’Ivoire au cours d’un point de presse qu’elle a animé ce lundi 11 juillet 2022 au Siège de Empow’Her Côte d’Ivoire sis à Abidjan-Marcory.

Selon la conférencière, alors que les femmes sont extrêmement minoritaires dans les instances de décision, gouvernement, conseils d’administration ou assemblée nationale, « il se trouve des élus pour faire de la provocation en minimisant la gravité du moment. » 

« A moins qu’il ne s’agisse de plaisanterie de fort mauvais goût, ou d’un ballon d’essai, l’on est en droit de se demander si les propos entendus de la bouche du parlementaire ont juste pour objets de diviser la Côte d’Ivoire, de fragiliser la communauté nationale ou tout simplement de faire régresser notre arsenal juridique et les droits des femmes? », a-t-elle interrogé.

Poursuivant, Constance Yaï a rappelé que dans l’article 4 de la Constitution Ivoirienne de 2016, il est mentionné que « tous les Ivoiriens naissent et demeurent libres et égaux en droit; nul ne peut être privilégié ou discriminé en raison de sa race, de son ethnie, de son clan, de sa tribu ou de son sexe. » 

« Et dans l’Article 28, l’Etat s ‘engage à respecter la Constitution, les droits de l’homme et les libertés publiques. », a-t-elle précisé. 

Elle a par ailleurs invité les autorités à faire appliquer les textes de la conférence des Nations Unies sur les droits des femmes en 1995 à Beijing dans laquelle il est mentionné dans l’article 2 que les États signataires dont la Côte d’Ivoire s’engagent à « Prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, pour modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une discrimination à l’égard des femmes ».

Elle a enfin indiqué qu’adopter une loi portant sur la légalisation de la polygamie optionnelle pour les hommes en Côte d’Ivoire serait contradictoire à nos nombreux engagements pour la protection des droits des femmes ivoiriennes et de l’égalité de sexe. Au demeurant, Constance Yaï a expliqué que la polygamie désigne un régime matrimonial où un individu, qu’il soit homme ou femme, est lié au même moment à plusieurs conjoints ou conjointes.  »La polygamie masculine n’étant pas la seule forme d’union, sommes nous capables d’assumer la polygamie féminine dans un principe d’égalité de droits femmes-hommes? » a-t-elle lancé. (Abidjan.net)