Lors de la prestation de serment du nouveau ministre de la Défense et d’autres responsables, Paul Kagame a décrit mercredi les changements opérés comme « une chose normale ».

Le président du Rwanda, Paul Kagame, a procédé cette semaine à un vaste remaniement au sein des forces armées, limogeant plusieurs officiers de haut rang pour « indiscipline » au lendemain du remplacement sans explications précises du ministre de la Défense et du chef d’état-major des Armées.

Alfred Murasira, en poste depuis 2018, a été remplacé mardi à la Défense par Juvenal Marizamunda. Le président a aussi choisi comme nouveau chef d’état-major le général Mubarakh Muganga et comme nouveau chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Vincent Nyakarundi.

Lors de la prestation de serment du nouveau ministre de la Défense et d’autres responsables, Paul Kagame a décrit mercredi les changements opérés comme « une chose normale ».

« L’objectif reste le même… la seule nouveauté est qu’une personne est déplacée d’un poste à un autre », a ajouté le président dans un bref discours. « Le travail doit être fait de manière compétente… et doit être fait avec une compréhension de la gravité de ces responsabilités », a-t-il précisé.

« Indiscipline »

D’autres mouvements ont également été officialisés à la tête du renseignement militaire et de la sécurité intérieure, ainsi que dans la force rwandaise déployée dans le nord du Mozambique pour aider les autorités locales à contrer une insurrection djihadiste.

Mercredi matin, le ministère de la Défense a annoncé que le président et commandant en chef des forces armées Paul Kagame avait également « renvoyé des Forces de défense rwandaises le général de division Aloys Muganga, le général de brigade Francis Mutiganda ainsi que 14 officiers », dont les noms n’ont pas été communiqués.

Les deux généraux ont été limogés pour « indiscipline », a indiqué le porte-parole de l’armée, Ronald Rvivanga. « Selon la loi, cela signifie qu’ils doivent rendre leur matériel militaire et quitter l’armée sans aucune allocation à cause de ce qu’ils ont fait », a-t-il précisé à des médias rwandais sans donner plus de détails.

Le général Muganga commandait les forces mécanisées depuis 2019 et le général Mutiganda avait été rattaché au quartier-général de l’armée rwandaise en 2018 à un poste non spécifié.

Insurrection

Paul Kagame a « également autorisé le renvoi de 116 autres gradés et approuvé la résiliation des contrats de service de 112 autres gradés (avec) effet immédiat », selon un communiqué.

Dans le passé, le président Kagame a déjà procédé à des limogeages de responsables militaires, condamnés pour insurrection ou partis en exil.

Cette nouvelle purge survient après des affirmations fin mai de l’armée de la République démocratique du Congo (RDC) contre l’armée rwandaise et la rébellion du M23, les accusant de planifier une attaque contre la ville de Goma dans l’est de la RDC.

Le M23 (« Mouvement du 23 mars ») est une ancienne rébellion majoritairement tutsi qui a repris les armes en fin d’année dernière et conquis de larges portions d’un territoire du nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.

Depuis, la RDC accuse son voisin rwandais de soutenir le M23, ce qu’ont établi des experts de l’ONU, malgré les démentis de Kigali.

Rwanda : le président Kagame procède à une vaste purge militaire