Décidément, depuis son arrivée au pouvoir, le président congolais, Félix Tshisékedi, n’a jamais filé le parfait amour avec l’Eglise catholique. C’est le moins que l’on puisse dire. On se rappelle, en effet, que cette dernière avait contesté les résultats qui donnaient vainqueur, le candidat de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) à la présidentielle de 2018, estimant que ceux-ci ne reflétaient pas la réalité des urnes. La suite, on la connaît. La République démocratique du Congo (RDC) avait basculé dans une grave crise post-électorale qui a failli virer à la tragédie. Au point que, faisant preuve de réalisme et dans le souci d’apaiser les tensions, l’Eglise catholique avait fini par faire contre mauvaise fortune bon cœur en reconnaissant finalement la victoire de Félix Tshisékedi. Mais depuis lors, les prélats n’ont eu de cesse d’opiner sur la vie de la Nation, surtout dans ce contexte pré-électoral où le mercure, chaque jour qui passe, ne fait que monter de plusieurs crans. En effet, alors que l’opposition dénonce des fraudes et un manque de transparence dans le processus électoral, l’Eglise catholique, elle, appelle à un « consensus » autour du calendrier électoral dans le souci d’aller à des élections apaisées. Rappelons que peu avant le début de l’enrôlement, elle avait déjà dénoncé la procédure de désignation des dirigeants actuels de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), apportant ainsi de l’eau au moulin de l’opposition. Selon toute vraisemblance, ces différentes prises de position n’ont pas été du goût du président Tshisékedi qui, au détour d’une cérémonie, a décidé de vider son carquois, allant jusqu’à déplorer « une certaine dérive constatée au sein de l’Eglise catholique ».

L’Eglise catholique, face aux turpitudes des dirigeants, a toujours pris le parti du peuple

Morceaux choisis : « C’est peut-être ici l’occasion pour moi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à une certaine dérive constatée au sein de l’Eglise catholique. Une dérive que je qualifierai de dangereuse, surtout en cette année électorale. (…) l’Eglise doit prêcher l’amour, l’unité et l’égalité », a-t-il sermonné. C’est donc clair ! L’Eglise catholique, à travers ses différentes prises de position pour plus de transparence du processus électoral en RDC, dérange le locataire du palais de la Nation. Il en avait tellement gros sur le cœur qu’il a saisi l’occasion que lui offrait la célébration du jubilé d’argent d’ordination épiscopale de l’évêque du diocèse de Mbuji-Mayi, pour assener ses vérités au clergé. Pense-t-il ainsi pousser l’Eglise à se raviser ? Assurément, non ! Car, en plus de rendre témoignage à l’Evangile (évangélisation) et servir les Hommes, l’Eglise catholique, face aux turpitudes des dirigeants, a toujours pris le parti du peuple. Si bien qu’au-delà de la RDC, elle trouble le sommeil de bien des gouvernants, notamment les satrapes qui refusent de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir. Et toujours fidèle et égale à elle-même, elle n’a jamais reculé face aux quolibets et autres sarcasmes des princes régnants et leurs soutiens stipendiés. Cela dit, pour revenir au cas spécifique de la RDC, s’il veut être dans les bonnes grâces du clergé catholique, Félix Tshisékedi n’a qu’à faire tout simplement de la transparence son credo.

PROCESSUS ELECTORAL EN RDC : Quand les vérités de l’Eglise catholique dérangent ! (msn.com)