Les pays d’Afrique de l’Ouest ont fixé dimanche un ultimatum d’une semaine à la junte au pouvoir au Niger, affirmant ne pas exclure un « recours à la force » et ordonné un blocus économique.
Les pays d’Afrique de l’Ouest ont fixé dimanche un ultimatum d’une semaine à la junte putschiste au Niger, affirmant ne pas exclure un « recours à la force » et ordonné un blocus économique.
Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (dont le Niger est membre avec 14 autres pays) s’est tenu dimanche à Abuja, sous l’égide du président du Nigeria, Bola Tinubu, à la tête de l’institution régionale depuis le début du mois.
La Cédéao a exigé « la libération immédiate » du président Bazoum et le « retour complet à l’ordre constitutionnel », selon les résolutions lues à la fin du sommet.
Si ces demandes ne « sont pas satisfaites dans un délai d’une semaine », la Cédéao « prendra toutes les mesures nécessaires » et « c_es mesures peuvent inclure l’usage de la force »_, selon ces résolutions.
Quant à l’Union africaine, elle a fixé vendredi un ultimatum de 15 jours aux militaires pour rétablir « l’autorité constitutionnelle ».
Washington a fait part de son « indéfectible soutien » à M. Bazoum, assurant que le coup d’Etat mettait en péril le « partenariat » entre les Etats-Unis et le Niger.
« Nous nous joignons à la Cédéao et aux dirigeants de la région pour demander la libération immédiate du président Mohamed Bazoum et de sa famille et la restauration de toutes les fonctions de l’État au gouvernement légitime et démocratiquement élu », a déclaré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken dans un communiqué.
L’organisation régionale a également décidé de « suspendre toutes les transactions commerciales et financières » entre ses Etats membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans la tentative de coup.
« Le temps est à l’action »
« Il n’est plus temps pour nous d’envoyer des signaux d’alarme », a déclaré M. Tinubu, « le temps est à l’action » a-t-il ajouté.
Le dirigeant du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, dont le pays n’est pas membre de la Cédéao, mais qui est voisin du Niger, également puissance militaire au Sahel alliée de la France, a participé à ce sommet.
Le président du Tchad, – qui a lui même pris le pouvoir à la tête d’une junte militaire au lendemain de la mort de son père, Idriss Déby, le 20 avril 2021 – a ensuite passé quelques heures à Niamey, pour « voir ce qu’il peut apporter au règlement de la crise », selon N’Djamena.
Pendant sa médiation, il a échangé avec Mohamed Bazoum, dont il a publié une photo sur sa page Facebook, première image du président nigérien depuis le putsch. Assis à côté du président tchadien, Bazoum apparaît souriant.
M. Déby Itno s’est également « entretenu avec Tiani et lui a transmis un message de la Cédéao », selon l’entourage de M. Bazoum.
L’ex-président du Niger Mahamadou Issoufou a également annoncé dimanche qu’il s’employait à « trouver une sortie de crise négociée » pour faire « libérer » son successeur Mohamed Bazoum, et « le restaurer dans ses fonctions ».
Samedi soir, la junte issue du putsch avait dénoncé le sommet de la Cédéao, y voyant la menace d’une « intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non membres de l’organisation et certains pays occidentaux ».
Le président français Emmanuel Macron a lui menacé de répliquer « de manière immédiate et intraitable » à toute attaque contre les ressortissants de la France et ses intérêts au Niger, où des milliers de manifestants favorables au putsch militaire ont ciblé son ambassade à Niamey dimanche.