Qu’est-ce qui justifie votre présence au BRICS Media Forum ?

Notre ONG, Urgences panafricanistes, a été invitée en tant que structure observatrice des BRICS parce que nous promouvons la dynamique de la multipolarité depuis un certain nombre d’années. Le groupe des BRICS est une matérialisation de cette multipolarité, aussi bien sur le terrain politique qu’informationnel. D’autre part, je dirige un média qui s’appelle « Afrique Résurrection » qui est très présent sur les réseaux sociaux et qui éduque la masse, la jeunesse africaine, ainsi que la jeunesse diasporienne sur les enjeux du moment et sur la nécessité pour nos peuples de comprendre qu’il existe d’autres types de narratifs que l’on doit être capables de construire pour éduquer les masses. Aujourd’hui, quand on parle de l’information, il s’agit trop souvent d’une information occidentalo-centrée. Or, la majorité du monde n’est pas occidentale. Il est donc important qu’il y ait d’autre types d’informations qui soient partagées, propagées, pour que l’on puisse être dans une dynamique qui protège au mieux nos intérêts.

La jeunesse africaine semble avoir des difficultés en matière d’éducation sur la prise de conscience des problèmes contemporains du continent. Avez-vous l’impression de contribuer réellement à résoudre ce problème à travers ce que vous faites ?

Je pense de facto qu’au regard de l’audience que nous avons aujourd’hui, on contribue profondément à l’éducation des masses. Je dirais même qu’on est plus écoutés par une bonne partie des masses en Afrique francophone, si l’on compare aux éducateurs et politiciens classiques, puisqu’aujourd’hui, les nouvelles agoras populaires sont les réseaux sociaux. Ces plateformes sont malheureusement plus suivies de nos jours que les médias traditionnels. Auparavant, les gens s’exprimaient dans les maquis, les bistrots, les bars, les rues, etc. Sauf qu’aujourd’hui, les réseaux sociaux sont devenus l’exutoire numéro 1 des populations. Pas simplement en Afrique, mais aussi dans le monde entier. Je pense qu’on a compris très tôt la nécessité de s’inscrire dans cette dynamique, parce que c’est aussi une dynamique générationnelle. On a su communiquer massivement un autre type d’informations différent ce que l’Occident avait l’habitude de propager. Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous avons, je pense, l’écoute de millions de gens en Afrique francophone.

Statistiquement, que représente exactement votre audience dans les médias sociaux ?

Sur Facebook, nous sommes suivis par 1,2 million de personnes. Si on ajoute les autres réseaux sociaux où nous sommes présents et actifs, nous sommes à environ 2 millions d’internautes. Je suis tombé récemment sur un article de France Info qui s’inquiète justement de notre influence. Ce n’est pas nous qui le disons. Ils constatent eux-mêmes qu’on a aujourd’hui une certaine portée qui les préoccupe. Ce qui est important pour nous c’est d’être maîtres de notre narratif et de comprendre aussi qu’il faut créer un autre écosystème géopolitique avec d’autres alliances, tout en insistant sur la nécessité que ces alliances soient faites dans un cadre de respect. Parce que nous n’accepterons jamais de changer un colon par un autre. Voilà pourquoi il est hors de question pour nous d’avoir un quelconque discours lénifiant vis-à-vis des Russes, des Brésiliens, des Indiens et des Chinois. Nous sommes pour l’autodétermination et nous pensons que dans ce monde multipolaire, l’Afrique sera le centre de gravité.

Certains affirment que vous êtes payé pour mener vos activités et vous accusent également d’être populiste. Que répondez-vous à cela ?

Rien de nouveau. Ils ont dit la même chose par le passé à propos de Mandela qui a été qualifié d’agent soviétique parce que l’ANC était soutenu financièrement à l’époque par l’Union soviétique. Ils ont dit la même chose de Lumumba, Malcom X etc.

« Dans le monde multipolaire, l’Afrique sera le centre de gravité » (msn.com)