Le Comité pour la transition et la restauration des institutions(CTRI), a annoncé tôt ce mercredi (30.08) l’annulation des élections, la dissolution de toutes les institutions de la République et la fin du régime d’Ali Bongo.
Cette déclaration est intervenue quelques minutes après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle de samedi (26.08). Le Centre gabonais des élections a déclaré le président Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis quatorze ans, vainqueur de ces élections à un tour avec 64,27% des suffrages exprimés. Son principal rival Albert Ondo Ossa n’a recueilli que 30,77% des voix.
Si ce coup d’Etat était une surprise pour certains Gabonais, d’autres se posent encore des questions comme Nathalie Mezo, chef d’entreprise, présidente du réseau « Femmes lève-toi » au Gabon.
Nathalie Mezo : Beaucoup d’interrogations pour certains, ce coup d’Etat est effectivement une mise en scène, pour d’autres c’est réel. Et à ce moment, est-ce que l’armée est unanime ? Ou bien il faut s’attendre à un risque de confrontation entre, par exemple, la Garde républicaine et les autres ? On ne sait pas du tout ce qui va se passer dans les heures qui suivent. Ce qui est certain, c’est que la population gabonaise a soif de changement. Et pour la plupart des gens, même si c’était l’armée, il y a un soulagement de se dire : peut-être enfin la fin de 60 ans de régime d’une famille, de dynastie familiale. C’est ça la première réaction des gens avec qui j’ai pu échanger.
DW : Comme vous l’avez dit, il y a des officiers, même de la Garde républicaine, est-ce que c’est un coût préparé selon vous ?
Nathalie Mezo : Ce serait très difficile de répondre, mais j’imagine qu’on pourrait difficilement arriver à ce niveau-là si le coup n’a pas été préparé. Si nous, les citoyens, nous le savons, ce n’est pas l’armée qui pouvait ignorer que le score serait donné en faveur, de toutes les façons, du président sortant. Cela a toujours été le cas et l’élection a toujours été ensuite contesté. Ça, je vous parle depuis les années déjà, 1993, mais ça a été encore plus virulent les quatorze, les deux derniers mandats de 2009 et 2016. Toutes les élections étaient contestées avec violence. Ce scénario était tout à fait prévisible et chaque fois, ça a été l’armée l’élément déterminant lorsque les populations contestent les résultats.
« C’est la libération «
Juste après l’annonce des militaires, des Gabonnais sont sortis, à pied ou en voiture, crier : « C’est la libération ! » ou encore « Bongo dehors! ». Au son des klaxons, ils ont salué et applaudi des policiers en tenue anti-émeutes au visage masqué. Nous avons pu joindre Annie Lea, ex-collaboratrice de l’opposant Jean Ping. Elle se trouvait dans la rue au centre de Libreville avec d’autres Gabonais.
C’est aussi un soulagement pour Samuel Ngoua Ngou. L’ancien directeur de cabinet du président Ali Bongo est actuellemnt à 624 km de Libreville.
A Port-Gentil, la capitale économique, sur la place du Château d’eau dans un quartier très populaire et bastion traditionnel de l’opposition, des centaines de personnes sont sorties en voiture en klaxonnant au cri de « Le Gabon est libéré ». Certains dansent avec des policiers et des militaires en tenue.