A la fin du XIXe siècle, le Cheikh Amadou Bamba avait été contraint par les autorités coloniales françaises de s’exiler au Gabon – la France voyant l’influence croissante du marabout d’un mauvais œil.

Retour sur ce départ et sur l’importance de cette fête du Grand Magal avec Babacar Sambe, professeur d’arabe à la faculté de lettres de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Retranscription de l’interview

Babacar Sambe : Ce départ est considéré comme vraiment un acte de résistance, un acte de civisme, un acte de nationalisme parce qu’il [Ahmadou Bamba, ndlr] a beaucoup résisté avant qu’il soit forcé, donc à partir. C’est le plus grand rassemblement religieux de l’Afrique. « Magal », c’est rendre quelqu’un plus grand.

DW : Comment se déroulent les festivités ?

Babacar Sambe : Les festivités, bien entendu, à Touba, c’est vraiment une grande fête où il y a des milliers de bœufs, des milliers de moutons, des milliers de chameaux qui sont donc égorgés à cette occasion. Et les gens pratiquent ce qu’on appelle le berndé. Berndé, ça veut dire donner à manger et à boire à tout le monde. Les gens viennent renouveler leur fidélité à la tariqa mouride et au guide spirituel de la mouridiyya.

DW : Ce vendredi (01.09.2023), le président Macky Sall a une visite de courtoisie, en amont de la fête de lundi. Comment expliquer cette visite ?

Babacar Sambe : C’est devenu véritablement une tradition. Ce n’était pas le cas sous Senghor, ni sous Abdou Diouf, mais Abdoulaye Wade l’a fait et Macky Sall l’a perpétué. On est mouride par conviction ou on est politiquement mouride ! Le mouridisme a une très grande influence parce qu’il a une influence aussi économique importante au Sénégal. Tous les chefs de partis politiques, sauf peut-être Ousmane Sonko en prison, vont rendre hommage.

Mais c’est une chose, quand même, qui est en train de changer par rapport à la jeunesse. Bon, il y a des attaques contre les marabouts qui sont plus ou moins avec le pouvoir ou ne défendent pas assez les droits des citoyens ou les droits de l’opposition.

Maintenant, c’est un grand débat. Ils [les jeunes, ndlr] sont religieux comme leur père, comme leur oncle, mais je crois qu’ils ont une certaine liberté qui est en train de changer un peu par rapport à l’allégeance de la politique donc à la religion.

Le Sénégal célèbre la fête du Grand Magal (msn.com)