La situation est, pour le moins que l’on puisse dire, tendue devant les bases militaires françaises au Niger, et ce depuis 3 jours. En effet, répondant à l’appel d’Organisations de la société civile (OSC), des milliers de manifestants se sont massés devant les bases françaises pour exiger le départ de l’armée française. L’on peut aisément faire la liaison entre cette mobilisation des Nigériens et les tensions diplomatiques entre Niamey et Paris, alimentées par les discours du président français. Pour l’instant, face à la déferlante, la France fait la sourde oreille, contrairement au discours jusque-là tenu par l’Elysée, tendant à faire croire que la présence militaire française en Afrique émane de la volonté des Africains eux-mêmes. Pourquoi donc la France refuse-t-elle de quitter le Niger malgré la forte montée du sentiment anti-français ? La réponse est connue : la France a de gros intérêts au Niger. Mais au -delà de la question de l’uranium que tout le monde se plait à ressasser et de la forte concurrence des Russes, Chinois et autres nouveaux partenaires sur fond d’intérêts géostratégiques et économiques, l’on peut finalement se demander s’il n’y a pas des raisons plus ou moins secrètes que l’Hexagone ne veut pas voir étaler sur la place publique. En effet, certains milieux bien introduits affirment que le président Mohamed Bazoum détient d’importants secrets liés à la complicité supposée ou avérée de la France avec les groupes armés terroristes qui déstabilisent les pays voisins du Niger, en l’occurrence le Mali et le Burkina Faso.

Les Nigériens semblent prêts à consentir le sacrifice suprême pour défendre leur patrie

Ne voulant pas que ces dossiers tombent sur la place publique, la France tiendrait à mettre la main sur lui. Les tensions qu’elle suscite et entretient seraient destinées à créer les conditions d’une intervention militaire dans le seul but de tirer d’affaire le président déchu. D’autres sources affirment que la France se sent dans la peau du traître face à Bazoum qui aurait été le seul chef d’Etat africain à accepter les troupes françaises expulsées du Mali et du Burkina, en contrepartie d’une garantie de protection de son pouvoir. N’ayant pas pu anticiper sur le coup d’Etat, elle se sent moralement contrainte au moins de défendre son poulain qui se trouve entre les mains des nouvelles autorités. Mais quelles qu’en soient les raisons, l’on peut bien se demander si Paris gagne au change. On peut en douter. Car, les troupes françaises présentes au Niger ne sont actuellement d’aucune utilité face aux foules de Nigériens révoltés. Elles ne peuvent que garder l’arme au pied de peur de perpétrer un massacre qui révulserait l’opinion internationale. Il en est de même pour l’ambassadeur français cloitré entre les murs de son enclave diplomatique et qui a perdu tous ses moyens d’action. Cela dit, on se demande si la France n’est finalement pas prise au piège de son discours va-t-en-guerre. Toutefois, les Nigériens ne devraient pas non plus en faire trop pour éviter une escalade mortelle. Car, les évènements en cours sont le résultat de leur compromission avec Mohamed Bazoum que les populations ont laissé accueillir les troupes françaises au Niger pendant que le Mali et le Burkina n’en voulaient plus. Même si elles peuvent se dire victimes d’un piège tendu par Bazoum, il n’en demeure pas moins que le redéploiement s’est opéré sous leurs yeux, malgré toute la clameur de réprobation de toute l’Afrique. En tout état de cause, la raison doit prévaloir. Mais il appartient à la France de descendre de son piédestal pour comprendre que plus tôt elle s’en ira, mieux cela vaudra, pour apaiser les tensions, mais aussi pour protéger ses intérêts. La rhétorique guerrière est totalement improductive ; tant il semble de plus en plus évident que le Niger ne sera plus la proie facile à avaler qu’elle croit, parce que certaines autres grandes puissances ne lui laisseront pas les mains libres pour agir alors que dans le même temps, les Nigériens semblent prêts à consentir le sacrifice suprême pour défendre leur patrie.

MANIFS DEVANT LES BASES FRANÇAISES AU NIGER : Plus tôt la France partira, mieux cela vaudra (msn.com)