Le départ de l’artiste sénégalais de son poste de ministre conseiller auprès de Macky Sall et de la coalition présidentielle augure-t-il une trajectoire personnelle ?

En 2010, en lançant le mouvement politique Fekke ma ci boole, Youssou N’Dour affirmait son ambition politique. Sans le Conseil constitutionnel, qui retoqua sa candidature par manque de signatures de soutien, le chanteur se serait présenté, en 2012, au scrutin qui conduisit Macky Sall à la magistrature suprême. L’artiste aura tout de même atteint l’objectif principal pour lequel il avait participé à des rassemblements : faire barrage à un nouveau mandat d’Abdoulaye Wade.

L’interprète de Birima gravitera alors autour du régime en place, comme membre de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), comme ministre du Tourisme et de la Culture du nouvel élu, puis comme ministre du Tourisme et des Loisirs et enfin comme ministre conseiller auprès de Macky Sall, poste moins exposé qui lui permettra de reprendre sa production d’albums musicaux et la gestion de son groupe de presse Futur Médias (GFM).

Coup de théâtre

C’est donc comme un coup de théâtre qu’a résonné, le 7 septembre, la démission du roi du mbalax, non seulement de son poste exécutif, mais aussi de la coalition BBY. Les analystes politiques ne croient guère à une brouille personnelle entre le chef de l’État et le chanteur. Le premier a annoncé qu’il plierait bagage d’ici à 2024 et le second a salué cette décision : « Un président de la République qui organisera, sans y participer, l’élection de son successeur, ça sera une première dans notre histoire commune. Un très grand président tu l’es, un chef d’État incomparable tu le resteras. »

Ce sont alors les bookmakers qui fourbissent leurs armes. Alors que les jeux politiciens semblent ouverts – le candidat de BBY, Amadou Ba, est un technocrate peu communicatif et Ousmane Sonko est, pour l’heure, empêché –, au Sénégal, Youssou N’Dour, âgé de 63 ans, sera-t-il candidat à l’élection de février 2024 ? En wolof, Fekke ma ci boolé signifie « Je suis là donc j’en fais partie ». Sa défection récente des instances du pouvoir dit-elle qu’il « est là » et qu’il « fait partie » de l’échiquier politique post-Sall ?

Si elle venait à se déclarer, la star bénéficierait d’une notoriété exceptionnelle. Par contre, certains Sénégalais lui reprochent de n’avoir jamais pris position officiellement lors des manifestations contre un éventuel troisième mandat de Macky Sall ou pour la libération de l’opposant Ousmane Sonko. Les locaux de sa radio et de sa télévision ont été attaqués à plusieurs reprises…

Verra-t-on alors un chef d’État chanteur ? En Haïti, le musicien Michel Joseph Martelly était devenu président de la République. Le Liberia et l’Ukraine, quant à eux, ont propulsé à la magistrature suprême un footballeur et un comédien…

Youssou N’Dour vise-t-il le fauteuil présidentiel de Macky Sall au Sénégal ? (msn.com)