Les partis d’opposition à Madagascar ont dénoncé ce qu’ils qualifient de « coup d’État institutionnel » après que le Premier ministre, allié du président Andry Rajoelina, ait été nommé à la tête du pays à l’approche de l’élection présidentielle.
Dans une lettre aux autorités électorales reçue mardi, 10 des 13 candidats à la présidentielle ont déclaré que les décisions de justice qui ont confié les rênes de cette île de l’océan Indien à Christian Ntsay avaient été dictées par Rajoelina et son entourage pour favoriser le président lors des élections de novembre.
« Les pouvoirs (en place)… ont procédé à un véritable coup d’État institutionnel dans le but de mettre le Premier ministre à la tête de l’Etat pendant la période électorale présidentielle afin d’en manipuler les résultats au profit de leur candidat », affirment les signataires. , dont deux anciens présidents, a écrit.
Les électeurs de Madagascar, l’un des pays les plus pauvres du monde malgré ses vastes ressources naturelles, se rendront aux urnes pour élire un président le 9 novembre.
Rajoelina, 49 ans, a démissionné samedi, conformément à la constitution, afin de se présenter aux élections.
Le président du Sénat était censé prendre la relève mais a refusé de le faire pour des « raisons personnelles », laissant la tâche à un « gouvernement collégial » dirigé par Ntsay.
Cette décision a été acceptée par le plus haut tribunal du pays – qui a également rejeté ce week-end les appels visant à faire annuler la candidature de Rajoelina en raison de sa double nationalité française – déclenchant la colère de l’opposition.
« La renonciation prononcée par le président du Sénat n’est prévue nulle part dans la Constitution », peut-on lire dans la lettre.
Le président de la Cour constitutionnelle a rejeté les accusations de partialité.
« Le président du Sénat a renoncé à ses fonctions. On ne peut pas le contraindre à prendre les rênes du pouvoir », a déclaré à l’AFP Florent Rakotoarisoa, ajoutant que cette décision était légale et visait à « assurer la continuité de l’Etat ».
« La confiance s’effondre »
Samedi, le tribunal a également rejeté les recours déposés par trois partis d’opposition visant à faire rayer le nom de Rajoelina des bulletins de vote, les jugeant « irrecevables ».
En juin, les médias ont révélé que Rajoelina avait été naturalisé français en 2014.
En vertu de la loi locale, cela signifiait qu’il pouvait perdre la nationalité malgache et donc la capacité de diriger le pays et de se présenter aux élections.
Cette version des faits a été vigoureusement contestée par le parti au pouvoir.
Rajoelina n’avait pas attendu la décision du tribunal pour annoncer sa candidature, organisant un grand lancement de campagne dans un stade de la capitale la semaine dernière.
Il a pris le pouvoir pour la première fois en 2009 à la suite d’un coup d’État qui a renversé l’ancien président Marc Ravalomanana, également candidat en novembre.
Après ne pas s’être présenté aux élections de 2013 en raison de la pression internationale, Rajoelina a été reconduit au pouvoir en 2018.
Eléonore Johasy, coordinatrice nationale du candidat à la présidentielle Auguste Paraina, a déclaré que les arrêts de la Cour constitutionnelle étaient « prises à des heures indues, afin qu’il n’y ait aucune possibilité de s’y opposer ».
Madagascar : l’opposition accuse le président de « coup d’État institutionnel » (msn.com)