La 78e Assemblée générale des Nations unies bat son plein à New York depuis le 19 septembre dernier. Autour du thème principal de cette session annuelle qui porte en 2023 sur les Objectifs de développement durable (ODD) ou objectifs du millénaire, les différentes délégations et le Secrétaire général de l’Organisation, Antonio Guterres, auront noté le peu d’engouement des grandes puissances pour cette Assemblée générale.
En effet, ni Vladimir Poutine, ni Xi Jinping, ni Emmanuel Macron, ni Rishi Sunak, soit 4 des 5 dirigeants des pays membres du Conseil permanent de sécurité, ne se sont présentés dans le mythique palais de verre new-yorkais.
Joe Biden, le président américain, était seul à plaider le maintien de la coopération internationale en faisant abstraction des contentieux de l’histoire si l’on veut bâtir un monde de paix et de démocratie.
Fidel Castro, Hugo Chavez et Mouammar Kadhafi ne sont plus là pour exprimer l’opposition des pays du Sud à la volonté des puissances du Nord de régenter le monde à l’aune de leurs seules références idéologiques. Pas même Tayyip Erdogan, le président turc, ou Ebrahim Raïssi d’Iran, et pourquoi pas Paul Kagame du Rwanda, n’était présent à cette semaine de haut niveau, du 19 au 26 septembre, qui inaugure généralement la session annuelle de l’Assemblée générale de l’ONU.
Les « Grands » et les « Turbulents » ayant séché les cours, les « petits poucets » sont à la fête, donnant parfois un spectacle affligeant. On a ainsi vu le président Mamadi Doumbouya de Guinée s’essayer à une rhétorique riche dans le fond mais chaotique dans la diction et la grammaire. Qu’importe ! On aura retenu de son premier discours à la tribune des Nations unies qu’il milite pour un non-alignement émancipateur des pays africains, appelés à en finir avec la politique des béni-oui-oui et l’ère des dirigeants paternalistes.
La délégation nigérienne, conduite par Yaou Sangaré Bakary, le nouveau ministre des Affaires étrangères après le coup d’Etat du 26 juillet, a eu moins de chance que celle de Guinée. En effet, sa prise de parole a été annulée ce jeudi suite à l’opposition d’Hassoumi Massaoudi, précédemment ministre des Affaires étrangères du Niger sous le président déchu, Mohamed Bazoum. Hassouni Massaoudi s’est ainsi prévalu du titre de représentant légitime de son pays, l’ONU ne reconnaissant pas le changement de régime intervenu récemment à Niamey. Cela a suffi pour que le secrétariat général de l’organisation refuse la parole à Yaou Sangaré Bakary, le nouveau ministre des Affaires étrangères du Niger, même s’il avait eu accès au palais de verre et que son accréditation en qualité de représentant permanent de son pays auprès de l’ONU reste valable. Annulation définitive de la prise de parole de la délégation nigérienne ? Est-ce l’ancien ministre, partisan de Mohamed Bazoum, qui parlera au nom de son pays ? Pas sûr. Une opposition peut venir d’un ou de plusieurs pays, soutiens du président Abdouramane Tchiani, le nouvel homme fort de Niamey, pour l’en empêcher.
Quoi qu’il en soit, cette cacophonie onusienne sur la prise de parole de la délégation nigérienne à cette 78e Assemblée générale de l’ONU est très symptomatique du fait que l’organisation mondiale est à la croisée des chemins. Une époque se meurt : celle de la détente dans les relations internationales après la guerre froide, tandis qu’une autre pointe à l’horizon caractérisée par un imbroglio dans la géopolitique mondiale qui défie le schéma classique des anciennes rivalités Est-Ouest. La fondation Carnegie pour la paix internationale décrit bien cette reconfiguration des relations internationale en ces termes : « Les lignes de fracture diplomatique actuelles ne sont pas seulement Est – Ouest – opposant la Chine et la Russie à la Communauté des démocraties de marché avancées – mais aussi Nord-Sud opposant les pays riches aux pays à revenus faibles et moyens ».
Ainsi vont le monde et la conjoncture politique au Niger, au-delà de cette cacophonie sur la prise de parole de la délégation de ce pays à la 78e Assemblée générale de l’ONU.
78e Assemblée générale de l’ONU : Cacophonie pour porter la voix du Niger (msn.com)