Au Nigeria, les deux principaux syndicats de travailleurs que sont le Nigeria Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC), entament à partir de ce 3 octobre 2023, une grève illimitée en guise de protestation contre la hausse du coût de la vie. Dans la foulée, ils annoncent une série de manifestations à l’effet d’interpeller le gouvernement sur la dégradation continue des conditions de vie des travailleurs et des populations dans un pays où l’inflation a atteint les 25%.
De quoi troubler le sommeil du président Bola Tinubu dont la mesure de suppression de la subvention sur le carburant, passe mal au sein des populations qui en ressentent durement le contrecoup sur un quotidien devenu encore plus difficile avec la cherté de la vie, et plus particulièrement la hausse des coûts des transports qui ont une répercussion sur tous les autres secteurs de l’économie. La question qui se pose est de savoir jusqu’où ira la grogne des travailleurs et quelles pourraient en être les conséquences sur le pays déjà fragilisé par la dévaluation de la monnaie locale, le naïra, qui peine véritablement à trouver son équilibre ces dernières années.
La question est d’autant plus justifiée qu’à en croire les dirigeants syndicaux, toutes les possibilités d’amener le gouvernement à la table des négociations, ont été épuisées alors que les mesures prises par l’Exécutif pour atténuer les effets de la crise et des réformes économiques, sont jugées largement insuffisantes par les partenaires sociaux pour faire face à la situation. C’est pourquoi il faut craindre que si le mouvement est bien suivi et s’il doit tenir dans la durée, il ne conduise à la paralysie du pays d’autant plus qu’il s’agit, dans le cas d’espèce, d’une grève illimitée.
Il urge pour le gouvernement nigérian, de trouver la formule pour juguler l’inflation
De quoi alors se demander quelle réponse le gouvernement d’Abuja apportera à ce mouvement social d’ampleur et si Bola Tinubu résistera à la tempête de la grogne sociale dans ce pays qui passe pour être la première économie d’Afrique. Et la situation est d’autant plus préoccupante que malgré la manne du pétrole, le Nigeria reste un géant aux pieds d’argile avec des populations qui peinent à joindre les deux bouts et qui restent largement exposées aux effets de la pauvreté. La conséquence aujourd’hui en est que quelque quatre mois seulement après sa prestation de serment, le nouveau locataire du palais Aso Rock est déjà confronté à une crise sociale de grande envergure.
Et bien malin qui saurait en prédire l’issue, tant les syndicats semblent décidés à aller au bras de fer pour arracher des concessions au gouvernement, là où le nouveau chef de l’Etat semble aussi décidé à aller au bout des réformes qu’il estime nécessaires pour relancer l’économie du pays. Entre les deux, les protagonistes sauront-ils trouver le juste milieu ? On attend de voir. En attendant, il urge pour le gouvernement nigérian, de trouver la formule pour juguler l’inflation.
Autrement, si la situation devait aller de Charybde en Scylla avec une incidence négative sur le pouvoir d’achat des populations, le risque d’une explosion sociale ne serait pas à écarter. En tout état de cause, quand on voit ce que les émeutes de la faim ont pu entraîner comme conséquences sous d’autres cieux, tout porte à croire que le « Boss », sobriquet de l’ancien gouverneur de Lagos devenu président, gagnerait à prendre très au sérieux cet appel à la grève illimitée lancé par les deux plus grandes centrales syndicales du pays. Car, comme à la guerre, on sait toujours quand ça commence, mais on ne sait presque jamais quand ni comment cela va finir. Bola Tinubu est averti.