Le président de transition du Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno, a effectué une visite de travail en France, les 17 et 18 octobre 2023. En plus d’un tête-à tête avec son homologue français, Emmanuel Macron, Deby fils a échangé avec des hommes d’affaires français qui désirent investir au Tchad. Mais les enjeux de cette visite vont au-delà de ces échanges. On le sait, en effet, les forces françaises qui ont été chassées du Mali, du Burkina et du Niger, n’ont désormais pour allié sûr dans le grand Sahel que le président tchadien. C’est dire si la France ne peut que faire les yeux doux à Mahamat Deby pour trouver une basse-cour plus sûre pour le coq gaulois qui aura perdu presque toutes ses plumes dans les dunes de sable du Sahel. A preuve, pour le retrait de ses troupes du Niger, Paris n’a eu d’autre choix que de transiter par le Tchad où elle dispose d’un millier de soldats. Autant dire que le séjour parisien du président tchadien sur invitation du locataire de l’Elysée, se justifie plus par la volonté de ce dernier de discuter de l’avenir des forces françaises au Sahel et en Afrique en général. Mais cette visite de travail suffira-t-elle à garantir la présence des forces de l’ancienne puissance coloniale en Afrique dans ce contexte où le sentiment antifrançais se développe de plus en plus sur le continent noir ? On peut en douter. C’est dire s’il en faut plus pour pouvoir maintenir les soldats français sur le sol africain. Si dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Gabon, le mercure n’a pas encore atteint son niveau critique à propos des bases militaires françaises, au Tchad, des voix commencent à s’élever de plus en plus pour demander le départ de l’armée française.

Il est temps d’établir de nouvelles relations entre les pays africains et la France

Comme quoi, le combat du président français pour garantir le maintien de ses troupes en Afrique, s’apparente à un combat contre des moulins à vent. Le processus semble irréversible et Emmanuel Macron se doit de l’accepter. Car, il est évident que l’époque où des présidents africains obéissaient à leurs anciens colonisateurs, est révolue. Même si Mahamat Deby s’engage à pérenniser la présence des troupes françaises dans son pays, il n’a aucune garantie que son peuple respectera cet engagement. Il vaut mieux aujourd’hui avoir l’aval d’un peuple que le soutien d’un président, fût-il celui d’une grande puissance. Il est temps d’établir de nouvelles relations entre les pays africains et la France. Et plus tôt la France l’acceptera, mieux cela vaudra. Cela dit, cette visite permet aux deux chefs d’Etat de se soutenir mutuellement. Car, ce n’est un secret pour personne qu’Emmanuel Macron est face à une montagne de défis tout comme son homologue tchadien dont la volonté de se maintenir au pouvoir contre vents et marées, est manifeste. Et le référendum constitutionnel controversé que ce dernier prévoit d’organiser en décembre prochain, en dit long sur ses intentions. En tout cas, tout porte à croire que Deby fils compte sur la France pour pouvoir tenir ce référendum, dans un contexte où le Tchad fait face à un afflux massif de réfugiés soudanais, et traverse une période de vaches maigres. Et il a toutes les chances d’obtenir le soutien de la France étant donné que Déby fils qui a succédé à son père par des voies illégales, est prêt à défendre les intérêts de l’Hexagone. Tant qu’un dirigeant africain est prêt à se soumettre aux intérêts de l’ancien maître, la France lui déroule toujours le tapis rouge. Mais lorsque c’est le contraire, on le cloue au pilori avec tous les qualificatifs que l’on connaît. En quoi, par exemple, un Mahamat Deby est-il plus démocrate qu’Assimi Goïta du Mali, Brice Clotaire Oligui Nguema du Gabon ou encore Abdouramane Tchiani du Niger ?

VISITE DE TRAVAIL DE MAHAMAT DEBY EN FRANCE :L’avenir des forces françaises en Afrique en ligne de mire (msn.com)