La conférence des chefs d’États a évoqué les impacts concernant le retrait du Burkina, du Mali et du Niger de la CEDEAO, ce dimanche 25 février 2024, dans un communiqué à l’issue d’un sommet extraordinaire au Nigeria. Selon le communiqué, pour les trois pays concernés cet acte aura des « impacts socio-économiques, financiers et institutionnels (…) et pour la CEDEAO en tant que groupe».
Concernant les implications politiques et sécuritaires , «le retrait aura des incidences sur la coopération en matière de sécurité, d’échange de renseignements et de participation aux initiatives régionales de lutte contre le terrorisme, notamment l’initiative d’Accra et les activités de la Force multinationale mixte».
De plus, «le retrait pourrait également conduire à un isolement diplomatique et politique sur la scène internationale, où les pays avaient obtenu un soutien pour leurs candidats et leur candidature durant les compétitions à des postes internationaux au sein de l’Union africaine, des Nations unies et d’autres organismes similaires».
Pour les implications socio-économiques, «le retrait des trois États membres affectera automatiquement le statut de leurs citoyens en matière d’immigration, puisqu’ils devront peut-être obtenir un visa pour voyager dans la région, les citoyens pourraient ne plus bénéficier du droit de résidence ou de création d’entreprises prévus par les accords de la CEDEAO, et pourraient être soumis à diverses lois nationales. Les trois pays cesseront d’utiliser le passeport, la carte d’identité nationale biométrique de la CEDEAO, et l’assurance automobile « Carte brune de la CEDEAO » à l’échelle de la région».
S’agissant de l’impact sur la CEDEAO, le communiqué explique que «ces trois pays représentent 17,4 % des 425 millions d’habitants de la région. Même s’ils représentent 10 % du PIB de la région, leur départ entraînera une réduction de la taille du marché de la CEDEAO». Et d’ajouter, que «le retrait pourrait également perturber le commerce intracommunautaire, en particulier le commerce de produits non transformés tels que le bétail, le poisson, les plantes, les produits agricoles, les produits minéraux et les produits artisanaux traditionnels, ainsi que les produits industriels d’origine communautaire».
«Le retrait des trois États membres pourrait entraîner l’arrêt ou la suspension de tous les projets/programmes de la CEDEAO, qui se chiffrent à une valeur supérieure à 500 millions de dollars des Etats-Unis», révèle ledit communiqué.
Les implications financières sont multiples, il s’agit de l’impact sur les deux institutions financières régionales: la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) et la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) qui ont des engagements considérables dans les trois pays. Le communiqué indique que «la BIDC a actuellement 27 projets du secteur public en cours dans les trois pays (Burkina Faso 9, Mali 8, et Niger 10) et un total de 20 projets du secteur privé (Burkina Faso 5 ; Mali -13 et Niger- 2). Ces projets sont collectivement évalués à environ 321.634.253 dollars US, dont ceux du secteur public qui représentent 38,1 dollars et ceux du privé, 61,9 %».
À l’analyse des implications au niveau institutionnel, la Conférence note que « le retrait des trois États membres nécessitera non seulement la fermeture de quatre agences régionales au Burkina Faso, de deux organismes régionaux au Mali et d’un bureau régional au Niger» De ce fait, quelque 130 membres du personnel de la CEDEAO qui sont des citoyens des trois pays : 77 du Burkina Faso, 23 du Mali et 32 du Niger se retrouveront au chômage.
Selon le communiqué, l’impact de ce retrait impactera sérieusement plusieurs couches de la population et mettra à mal certains projets de la CEDEAO. Cependant, la Conférence a décidé de la levée, avec “effet immédiat”, de certaines sanctions qui avaient été imposées à la République du Niger, entres autres, la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger; l’institution d’une zone d’exclusion aérienne de la CEDEAO sur tous les vols commerciaux à destination et en provenance du Niger; la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres de la CEDEAO et le Niger (…).