Depuis le 26 mars dernier, date marquant la fin officielle de la transition au Mali, la pression ne fait que s’accentuer sur la junte. En effet, après les magistrats qui ont saisi la Cour constitutionnelle à l’effet de constater la vacance du pouvoir, ce sont des partis politiques et des Organisations de la société civile (OSC) qui sont montés au créneau pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel. Ils plaident pour la mise en place d’une nouvelle architecture institutionnelle en vue de l’organisation, dans les meilleurs délais, de la présidentielle. Faut-il le rappeler, prévue pour se tenir en février dernier, la présidentielle devant marquer la fin de la transition au Mali, a été reportée sine die.
Et depuis lors, plus aucun chronogramme n’a été communiqué tant et si bien que les uns et les autres s’interrogent sur la volonté des autorités de la Transition d’œuvrer à un retour à l’ordre constitutionnel. D’où la clameur qui ne fait que monter depuis quelque temps. La junte fera-t-elle la sourde oreille ? Ou prêtera-t-elle une oreille attentive à ceux qui n’ont eu de cesse de la rappeler à l’ordre ? On attend de voir. Certes, il est vrai qu’Assimi Goïta et ses frères d’armes ont enregistré des succès dans la reconquête du territoire malien ; en témoigne la libération, dans les conditions que l’on sait, de Kidal sous contrôle des groupes rebelles pendant une décennie.
La junte malienne n’a pas intérêt à raidir la nuque
Pour autant, ils ne devraient pas se laisser griser par cette victoire au risque de se faire vomir par bien des Maliens. Surtout qu’à la crise sécuritaire, sont venus s’ajouter des problèmes socio-économiques qui ont fait baisser le pouvoir d’achat des Maliens. Tout cela sur fond de crise énergétique à nulle autre pareille. Cela dit, la junte malienne n’a pas intérêt à raidir la nuque. Le mieux serait d’ouvrir, le plus rapidement possible et de façon sincère, un cadre de dialogue en vue d’aplanir les divergences avec les différentes composantes de la Nation. Car, le Mali a tellement souffert le martyre qu’il n’a pas besoin, surtout par ces temps qui courent, d’une autre crise qui en rajouterait à la situation.
En tout cas, si elles ont pu organiser le référendum constitutionnel qui leur a permis de se prémunir contre d’éventuelles poursuites judicaires en lien avec le coup d’Etat d’août 2020, les autorités maliennes de transition ne peuvent pas exciper du contexte sécuritaire pour justifier le report aux calendes grecques, de la présidentielle. A moins de faire dans la mauvaise foi comme on a coutume de le voir en Afrique où bien des tenants des pouvoirs n’ont pas toujours le sens de la parole donnée. Toutefois, force est de reconnaître qu’en dehors de ces contre-exemples, il y a des dirigeants qui, sur le continent, respectent scrupuleusement les engagements pris devant l’opinion nationale et internationale. Ils ne sont certes pas nombreux mais ils constituent l’exception qui confirme la règle.