Le Sénégal ne finit pas d’impressionner! Après avoir réussi à organiser l’une des meilleures élections présidentielles de son histoire dans un contexte qui présageait le pire pour cette nation, le pays de la Teranga vient de confirmer, une fois de plus, pour ceux qui en doutaient encore, son statut de vitrine de la démocratie en Afrique de l’Ouest. En effet, malgré une période préélectorale tumultueuse qui a fait monter la tension avec son lot de violences et de dégâts matériels, les Sénégalais ont réalisé l’impensable en réussissant, là où bien des pays du continent ont échoué, une dévolution pacifique du pouvoir. Et l’épopée se poursuit. Puisque le président tout fraichement élu, Bassirou Diomaye Faye, vient de réaliser un geste élégant à l’endroit de son prédécesseur, Macky Sall, en mettant l’avion présidentiel à sa disposition pour quelques jours. Et l’ex-chef de l’Etat qui, on s’en étonne, jouit encore d’une certaine popularité malgré ce que l’on sait, a saisi cette main tendue et a aussitôt quitté le pays après la passation de charges. Rassurez-vous, c’est de son plein gré qu’il a quitté le pays qu’il dirigeait jusqu’à la date du 2 avril dernier, fin officielle de son mandat à la tête de l’Etat. En effet, l’enfant de Fatick, selon certaines sources, s’est d’abord rendu en Guinée- Bissau pour y régler des affaires personnelles avant de rejoindre La Mecque en Arabie Saoudite, pour y accomplir, avec son épouse, son petit pèlerinage, la Oumra. Après La Mecque, il devrait séjourner à Paris en France avant de rejoindre sa famille au Maroc.

Les angoisses de bien des dirigeants trouvent plus leur source dans leur gestion du pouvoir

Qui aurait pu prédire une aussi paisible retraite en filigrane, à l’ancien président sénégalais au soir de la victoire du camp de ceux à qui il a fait voir des vertes et des pas mûres ? Mais nous sommes au Sénégal et c’est l’exception qui est en marche. En fait, c’est une loi non écrite dans ce pays qui veut qu’on mette tous les moyens à la disposition du président sortant pour lui permettre de se retirer pour ne pas faire de l’ombre à son successeur dans l’exercice de ses fonctions. Macky Sall avait, lui aussi, rendu le même service à son prédécesseur, Abdoulaye Wade, en 2012 qui ne manque jamais de revenir au bercail à chaque fois qu’il en a l’occasion… et en toute liberté. Ce n’est pas beau ça ? Voilà un autre pan de l’élégance de la démocratie sénégalaise qui garantit ainsi un après-pouvoir paisible à ses anciens dirigeants qui, même loin, restent disponibles pour leur pays. Mais ailleurs en Afrique, il en va autrement. C’est franchement une autre histoire ! L’après-pouvoir est loin d’être un fleuve tranquille pour bien des anciens chefs d’Etat sur le continent noir. C’est même pour eux, une véritable insomnie. Pour cause, du palais présidentiel où ils laissent tous les honneurs dus à leur rang, certains sont envoyés directement dans des prisons qu’eux-mêmes avaient soigneusement érigées pendant leur règne pour réduire au silence les voix discordantes. D’autres, voués aux gémonies, sont contraints à l’exil soit pour se mettre à l’abri de la furie des nouveaux dirigeants ou hommes forts ou à celle de leurs peuples, soit pour échapper à la Justice internationale ou à celle de leurs pays respectifs. De Ouagadougou à Bamako en passant par Abidjan, Banjul, Conakry, Kinshasa, Tunis, le Caire ou encore à Alger, les exemples de présidents déchus qui ont des vies moins confortables après leur pouvoir, sont légion. Preuve, s’il en est encore besoin, que la démocratie est en souffrance en Afrique. Il faut le dire, les angoisses de bien des dirigeants trouvent plus leur source dans leur gestion du pouvoir ou le mode d’accession au pouvoir. Car, certains chefs d’Etat sous nos tropiques, tout puissants qu’ils sont, s’autorisent tout et s’adonnent à toutes sortes de dérives. Si fait qu’au soir de leur règne, ils sont vite rattrapés par leurs propres turpitudes.

L’APRES-POUVOIR EN AFRIQUE : Une insomnie pour beaucoup de chefs d’Etat (msn.com)