Un projet de transformer la résidence de feu maître Liyolo, artiste sculpteur, en musée d’art a été annoncé samedi par une fondation, au cours d’une journée » Portes ouvertes » organisée dans sa résidence à Mont-ngafula, ouest de Kinshasa en République démocratique du Congo. « Cette maison a pour vocation, selon la volonté de Liyolo et celle de sa femme, d’être transformée en musée privé, un centre de formation et de recherche pour l’art contemporain congolais. Ce type de centre n’existe pas au Congo, pourtant l’art congolais a beaucoup influé sur le reste des arts en Afrique », a déclaré Myoto Liyolo, directrice de la fondation portant le nom de l’artiste sculpteur.
Myoto Liyolo, directrice de la fondation
Pour elle, ce site va servir aux jeunes de connaître l’histoire du pays et celle de l’art contemporain congolais. « Avoir un musée c’est avoir un espace de visite d’apprentissage de son histoire.
C’est reconnaître qu’il y a eu des choses qui ont été faites pendant des années. C’est reconnaître que nous avons une histoire d’art contemporain légendaire. Il faut dire aussi que liyolo a été à la base quelqu’un qui voulait transmettre son savoir. Nous n’avons pas assez d’espace aujourd’hui qui permet à la jeunesse d’apprendre de son histoire du pays et culturel.
Liyolo a fait cette histoire avec ses frères dont Maître Lema, Pilipili et Mavinga », a fait savoir la directrice de la fondation. Les premiers travaux de construction de ce prochain musée vont commencer avec la réhabilitation des ateliers, vers la fin de l’année.
Ce projet est financé par l’agence française de développement (ADF). Il est prévu de placer le totem de Liyolo, un hippopotame, qui sera visible à partir de l’Université pédagogique nationale (UPN) puisque ce grand artiste a été parmi les premières personnes a acheté une portion de terre d’environ 1 hectare dans cette commune de Kinshasa.
Il y a amené de l’eau courante et de l’électricité. Cet artiste c’était battu pour que son métier de sculpteur et de plasticien soit reconnu comme étant porteur de manière.
Ce combat reste encore d’actualité et devrait se poursuivre à jamais pour que l’épanouissement du secteur culturel congolais soit réel. Sa fondation plaide pour une démarche culturelle collective. « Nous savons tous que notre société a besoin de transformation. L’art et la culture en sont une dimension fondamentale. L’art et la culture sont les premières nécessités qui constituent les premiers investissements dans l’émancipation, l’éducation et l’unité de nos peuples ».
Maître Liyolo, un artiste atypique et cosmopolite
Par ailleurs, maître Liyolo a été considéré pour une personne différente du type habituel par le monde scientifique et culturel. « Liyolo est une personne atypique et cosmopolite dans son œuvre artistique. Je le décris par bronze passion et passion bronze.
Le bronze c’est une matière intemporelle, une matière de résistance, une matière qui traverse le temps et l’espace. Passion bronze, c’est lui-même, il a aimé ça », a déclaré le professeur André Yoka Lye Mudaba, au cours de cette journée portes ouvertes dédiée à la production artistique de cette personnalité artistique. En plus d’être un modèle de créativité, l’illustre disparu s’est aussi distingué par sa passion à offrir des œuvres monumentales à la nation et immortaliser des grandes figures.
« En lui, y a un mélange de classique et de transformateur. Il est resté sur la ligne de la convention. Liyolo est égale à lui-même avec un sens de révolte créative.
Un artiste de proximité, très proche de son peuple. Il voulait rendre hommage au génie de l’homme et valoriser la femme », a-t-il renchéri. L’ancien gouverneur de la ville de Kinshasa, Kimbembe Mazunga a quant à lui rappelé l’importance des œuvres d’art sur la place publique, notamment l’œuvre de la « muse de l’indépendance ». Projet admis au terme d’un concours gagné par maître Liyolo, organisé lors du cinquième anniversaire d’indépendance de la RDC.
Il devait normalement être placé à la place de l’indépendance. M. Kimbembe a plaidé pour que cette œuvre soit prise en compte pour sa réalisation finale.
« Les visiteurs découvrent ou redécouvrent à cette visite guidée, ce sculpteur au talent inégalé : sa vision, son inspiration, sa ténacité, sa résilience dans l’adversité et sa détermination à se sculpter lui-même pour devenir ce grand Maître d’Art toujours intemporel qu’il est devenu », a dit de son côté Serge Tshaanga, un des organisateurs.
Maître Liyolo est un artiste aux multiples réalisations dont son œuvre « mamans maraîchères » située au croisement des by pass et triangle pour rende hommage à celles dont on parle peu. « Le militant du MPR » à Nsele qui avait une triple fonction d’éclairer les navigateurs, montrer le flambeau allumé mais également « Le léopard » figure symbolique du pays, situé à la place du 30 juin. Alfred Liyolo, sculpteur et plasticien, est un monument vivant de la culture congolaise tant au pays qu’à l’étranger. Il est connu par sa quête continue de l’excellence dans son domaine.
Né en 1943 en République Démocratique du Congo (RDC), poussé par sa passion de l’art, Liyolo va quitter le pays en 1963 pour parfaire ses études, à l’Académie des Beaux-Arts (ABA) de Vienne, en Autriche, une formation commencée 5 ans plus tôt (1958) à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Il obtiendra le Magister Artium, maîtrise en sculpture monumentale et le prix du meilleur étudiant.
Dès son retour au pays, il va occuper plusieurs autres fonctions dont le directeur général de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Maître Liyolo, sculpteur et plasticien est décédé le 1er avril 2019 à Vienne en Autriche. Cette journée organisée en mémoire de Liyolo est intervenue à quelques jours de la célébration mondiale de l’art, prévue le 15 avril.
Kinshasa : un projet de transformer la résidence de maître Liyolo en musée d’art (msn.com)