Tenue sur l’île de Java en Indonésie, en présence des dirigeants de 29 pays nouvellement indépendants (23 d’Asie et 6 d’Afrique) et plusieurs délégations, dont la délégation algérienne conduite par les membres du FLN Hocine Ait Ahmed et M’hamed Yazid, la Conférence de Bandung s’est vite fixée le cap, en plaçant la décolonisation des peuples, le non-alignement, la non-ingérence, la coexistence pacifique et le développement économique comme principaux axes de son action.
Ces idéaux ardemment portés et défendus par les leaders historiques de cette époque, dont le président indonésien, Sukarno, le Premier ministre indien Nehru, le Premier ministre chinois Zhou Enlai et l’Egyptien Abdel Nasser, furent rapidement concrétisés.
En effet, pas moins de 31 pays africains croupissant depuis de longue date sous le joug colonial, ont pu accéder, en l’espace de quelques années, à leur indépendance, tandis que 12 autres pays appartenant aux deux continents ont été admis aux Nations-unies en tant que membres à part entière.
La question algérienne, largement abordée lors des travaux de cette réunion, s’en est sortie, elle aussi, victorieuse, dans la mesure où cinq mois plus tard, soit en septembre 1955, cette dernière a été inscrite pour la première fois à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations-unies. Cet acquis a internationalisé la cause nationale et élargi ses défenseurs à travers le monde.
Pour le moudjahid et ancien diplomate, Noureddine Djoudi, la conférence de Bandung a été un évènement « majeur » et un tournant « décisif » dans les relations entre le tiers-monde et les grandes puissances, soulignant qu’elle a permis à la diplomatie de guerre initiée par le Front de libération national (FLN) de trouver un premier champ d’action pour sensibiliser l’opinion publique internationale à la cause nationale.
« La Conférence de Bandung a certainement été un événement majeur et un tournant décisif dans les relations entre le tiers-monde et les grandes puissances, et notamment les puissances colonialistes et impérialistes », a souligné M. Djoudi, dans une déclaration à l’APS, à l’occasion de la commémoration du 69e anniversaire de la tenue de cette conférence historique.
« Pour l’Algérie, elle présentait un intérêt particulier dès lors qu’elle était convoquée en 1955, soit six mois à peine après le déclenchement de la lutte armée le 1er Novembre 1954 », a-t-il expliqué.
Selon lui, « la diplomatie de guerre initiée par le FLN y trouvait un premier champ d’action pour sensibiliser l’opinion publique internationale à notre cause, une lutte armée extrêmement difficile dans une guerre asymétrique face à une puissante armée coloniale soutenue par ses alliés de l’OTAN ».
Dans ce contexte, le doyen des diplomates algériens a rappelé que la Révolution algérienne a dépêché une importante délégation menée, entre autres, par Hocine Aït Ahmed, M’hamed Yazid et Mohamed Seddik Ben Yahia dont la mission était de « convaincre les conférenciers de reconnaître le FLN comme seul représentant légitime de la lutte du peuple algérien ».
== La reconnaissance du FLN, première victoire de la jeune diplomatie algérienne ==
« La reconnaissance du FLN par la Conférence de Bandung a donc été la première grande victoire de la jeune diplomatie algérienne qui en annonçait d’autres à venir au plan international », a-t-il souligné.
Par ailleurs, M. Djoudi a fait remarquer que « les principes arrêtés par les leaders afro-asiatiques et européen en la personne du Yougoslave Tito, étaient en parfaite harmonie avec les principes qui étaient inscrits dans la nature même de la Révolution du 1er novembre 1954 ».
« Notre héritage millénaire tout comme les principes énoncés de manière directe ou implicite dans l’Appel du 1er novembre et la plateforme de la Soummam démontrent clairement que la Révolution algérienne ne se limitait pas à la seule libération du territoire national colonisé par la force des armes mais portait en elle un message universel de liberté, de dignité et d’humanisme », a-t-il fait remarquer.
A cet égard, il a tenu à rappeler qu' »en pleine guerre de libération, dès les années 1958/59, l’Armée de libération nationale (ALN) aidait déjà à la formation de combattants de l’Afrique sub-saharienne toujours colonisée ou sous régime d’apartheid », relevant que les principes énoncés dans la déclaration finale de la Conférence de Bandung ne pouvaient qu’accueillir l' »assentiment » de l’Algérie.
Il n’en demeure pas moins, poursuit l’ancien diplomate, que « le non-alignement préconisé par la Conférence est devenu et reste aujourd’hui pour l’Algérie une constante et un crédo farouchement défendu par notre politique étrangère ».
Et d’ajouter: « Nos positions défendues à l’ONU et au Conseil de sécurité le démontrent amplement notamment pour ce qui est des droits inaliénables des peuples palestinien et sahraoui, et de la construction d’un ordre mondial plus juste, plus humain et plus équilibré ».
M. Djoudi a, par ailleurs, indiqué que « l’inscription de la question algérienne à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies est la conséquence directe des principes énoncés dans la déclaration de la Conférence de Bandung, de sa reconnaissance du FLN et de l’action décisive de la représentation du FLN à New York ».
Il a notamment rappelé l' »influence » que le regretté Si Abdelkader Chanderli avait auprès de la presse et de la puissante centrale syndicale des Etats-Unis, et même auprès du jeune sénateur et futur président John Fitzgerald Kennedy.
« L’historique conférence de Bandoeng a été clôturée le 24 Avril 1955. Cinq mois après, le 30 Septembre 1955 la question algérienne était inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations Unies au grand dam de la diplomatie française et sa prétendue +question intérieure+ », a-t-il souligné.
Conférence de Bandung : 69 ans après l’Algérie fait avancer la paix dans le monde (msn.com)