Leurs sourires avaient disparu,et leurs villages étaient devenus inhabitables. Safi Kavugho fait partie des nombreuses femmes qui ne pouvaient plus accéder à leurs champs à cause des violences des rebelles de l’ADF. Aujourd’hui, deux ans après, elle est retournée dans son village et peut à nouveau cultiver ses terres.
« Je suis très contente, nous sommes en train de récolter du haricot et du manioc. Tu vois, je reviens du champ avec un régime de bananes plantains sur le dos. Il y a quelques années, nous avions tous fui ce village, mais tout le monde est revenu. Nous avons beaucoup souffert en se déplaçant à Beni. Nous n’avions pas d’argent pour le loyer, pas de nourriture, ni de médicaments », explique Safi.
Affluence dans les marchés
Les marchés de Bulongo, Mutwanga, Kilya et Lume sur le tronçon Beni-Kasindi connaissent désormais une ambiance inhabituelle.
Papy Mbaki, président des fournisseurs de produits alimentaires de la région, constate l’afflux de clients en provenanve de l’Ouganda et des villes voisines de Beni et Butembo pour se ravitailler en vivres, depuis le rétablissement de la sécurité.
« Il n’y a plus de crainte ici, tout est redevenu normal. Chaque jour, nous chargeons au moins six camions de bananes plantains que nous acheminons sur Kasindi, d’où les commerçants ougandais les récupèrent pour en faire des biscuits. Cette paix nous facilite vraiment les affaires », dit Papy Mbaki.
« Chacun est heureux de retrouver son champ »
La localité de Kilya est située sur la route Beni-Kasindi, dans l’est de la RDC, près de la frontière avec l’Ouganda. Il y a deux ans, des embuscades attribuées à l’ADF contre les agriculteurs et les véhicules en provenance de l’Ouganda étaient fréquentes à cet endroit.
De nombreux camions y ont été incendiés, et beaucoup de personnes y ont perdu la vie.
John Sibendire, chef de la localité, est fier de la reprise des activités dans sa communauté.
« Beaucoup de gens sont morts ici. S’il y a cette accalmie, c’est grâce à la mutualisation des forces entre les FARDC et l’UPDF. Cela a permis le retour des déplacés internes. Chacun est heureux de retrouver son champ ; les agriculteurs vont même très loin dans la brousse et reviennent avec du cacao, des bananes, du manioc. Ma population est en paix pour le moment, et chacun dort paisiblement », estime le chef John Sibendire.
Cependant, la société civile locale appelle à la prudence. Ricardo Rupande, son président, invite le gouvernement congolais à réfléchir dès maintenant à la période post-opération conjointe.
« Dès que l’UPDF est entrée ici, nous avons senti un changement. C’était vraiment un véritable soutien. Il faut donc continuer à renforcer le renseignement et préparer la période post-UPDF, car l’UPDF finira par partir ; c’est une armée ougandaise », dit Ricardo Rupande.
Selon l’armée congolaise, depuis le lancement de cette opération en 2021, les deux forces ont exercé une pression militaire sur les rebelles de l’ADF. Cela a permis d’éliminer au moins 500 combattants de l’ADF, d’en capturer d’autres, de neutraliser des hauts responsables du mouvement et de libérer des otages.
L’espoir renaît dans des localités dans l’Est de la RDC (msn.com)