C’est une élection présidentielle dont les Algériens auraient pu se passer. Il ne s’agit ni d’une course électorale ni d’une compétition politique. L’armée algérienne a décidé de prolonger le mandat du président Abdelmajid Tebboune, et une grande fête qui se veut populaire va être organisée le 7 septembre prochaine par valider cette reconduction.

Ce simulacre d’élections n’a pas pour objectif de convaincre les Algériens que leurs choix vont être pris en considération. De manière verticale, la décision a été prise de maintenir A. Tebboune à la tête de l’Etat, estimant qu’il est pour le moment la meilleure option pour garantir la permanence et la continuité du système. En réalité ce simulacre d’élections a pour objectif d’habiller politiquement cette captation électorale qui consiste à imposer un homme à la tête du sérail pour justifier, et éventuellement s’épargner, les critiques internationales qui ne manqueraient pas de s’exprimer si un semblant de jeu électoral n’a pas été respecté.

Dans la réalité, le mandat Tebboune II aura de fortes chances de ressembler en pire au mandat Tebboune I, perçu par une grande partie de l’opposition algérienne comme le cinquième mandat que le défunt Abdelaziz Bouteflika n’a pas pu faire pour cause de Hirak.

Pendant cette campagne, le président candidat a eu l’occasion de distribuer les promesses électorales à gauche et à droite, toutes plus fantaisistes les unes que les autres. Même les plus candides n’y croient pas un instant et perçoivent le Président comme un charmeur de serpents qui tente de séduire en promettant monts et merveilles à ceux qui veulent encore croire aux miracles du père Noël.

Cette campagne aura aussi été l’occasion pour Tebboune de procurer à l’Algérie une distinction internationale d’une grande originalité. La première lorsqu’il avait annoncé, des intonations guerrières dans le voix, que l’armée algérienne est en état d’alerte et prête …avant de préciser que c’était pour aller construire en vingt jours trois hôpitaux à Gaza et participer à la reconstruction de ce qui y a été détruit pendant cette guerre.

La seconde fut lorsque, fanfaronnant tel un coq de basse-cour rempli de lui même, il affirme que l’économie algérienne est la troisième au monde derrière les Etats Unis d’Amérique et la Chine. Dans ces deux sorties, une explosion de rire générale secoua la toile au point de poser des interrogations sur la santé mentale du président candidat.

Le second mandat de Tebboune, outre qu’il participe déjà à mettre le pays dans l’œil d’un cyclone sarcastique mondial, ne promet que tensions et rupture avec ses voisins et ses alliés.

À l’égard du Maroc, Tebboune a déjà annoncé la couleur. Le Sahara marocain est une grande priorité nationale et stratégique algérienne. Il avait annoncé, des trémolos dans la voix, qu’il ne laisserait jamais tomber « le peuple sahraoui ». Cette attitude augure d’une grande impasse dans les relations entre le Maroc et l’Algérie. La réconciliation, l’ouverture des frontières sont renvoyées aux calendes grecques.

Dans cette affaire Tebboune nage à contre courant. Au moment où une grande dynamique internationale est à l’œuvre pour adouber l’option de l’automne et reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara, le régime algérien s’entête à s’enfermer dans sa posture autiste même si cela devait porter atteinte aux intérêts vitaux des Algériens.

À l’égard de la France, la séquence à venir est aussi sensible. Dans un réflexe sanguin, le régime algérien a retiré son ambassadeur à Paris pour cause de clarification française sur le Sahara marocain. Un des grands dossiers à gérer pour Tebboune pour le début de ce second mandat serait de trouver la vitesse de croisière pour gérer sa relation avec Paris. Et s’il est exclu pour le moment de procéder à un démonstration de force similaire à celle qu’il avait opposée à l’Espagne, il serait intéressant de voir les circonvolutions de ce régime reprendre langue diplomatique avec Paris et la symbolique d’une telle normalisation, sachant que la France ne ferait jamais marche arrière sur le Sahara marocain.

L’ambassadeur algérien finira par rejoindre son poste à Paris et Alger est condamné à valider l’approche française sur le Sahara.

Pour de nombreux observateurs, le dossier du Sahara marocain a de fortes chances d’être le grand déclic qui ferait exploser au grand jour les grands antagonisme au sein du régime algérien acculé à faire des choix décisifs sur cette épineuse question.

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