L’événement périodique n’est pas une fin en soi, mais un nid d’initiatives sur le long terme. C’est ce qui ressort du 22e Tanjazz (du 19 au 22 septembre 2024), qui a célébré le jazz à Tanger, ville-hôte choisie cette année par l’UNESCO. Président du festival, Moulay Ahmed Alami revient auprès de Yabiladi sur la symbolique de ce contexte, où les organisateurs pensent désormais à un album issu de la collaboration artistique entre mâalem Majid Bekkas et le pianiste cubain Omar Sosa, un des moments forts de cette édition.
Le 22e Tanjazz se tient après un report, l’année dernière, à la suite du séisme au Maroc. Cette année, il intervient peu après que Tanger a été désignée ville-hôte de jazz par l’UNESCO, devenant ainsi la première ville à avoir ce titre en Afrique. Ce sont des symboliques qui rendent cette édition si particulière ?
J’imagine que les fondateurs de Tanjazz doivent se réjouir de la reconnaissance de Tanger comme ville-hôte, à l’occasion de la Journée mondiale du jazz. Elle l’est par l’esprit, moins par les clubs dédiés. Mais son festival lui permet de rayonner au niveau international et dans le bassin méditerranéen. Nous travaillons justement à créer ce lien fort entre Tanger et la musique, le jazz en particulier.
Ce contexte est très particulier, en effet, sachant qu’il est très difficile d’avoir des titres comme celui de ville-hôte internationale du jazz. C’est un élément qui doit être un peu plus présent dans le quotidien et les efforts dans ce sens doivent être un peu plus poussés. Ce n’est pas encore le cas, mais j’espère réellement que nous serons capables, dans les années à venir, d’être à la hauteur de cette reconnaissance mondiale.
Cette édition est justement voulue comme une initiative d’ancrage du jazz dans la ville de Tanger. Des fanfares ont sillonné les rues, des scènes gratuites sont accessibles. Mais les clubs de jazz manquent, le premier ayant vu le jour dans les années 1970. Vous êtes sur les pas de son fondateur, Randy Weston ?
Pour le moment, nous sommes focalisés sur l’organisation de festivals dans trois villes : Casablanca avec trois festivals – Jazzablanca, Casa Anfa Latina – Alif, Amazingh à Taghazout (Agadir) et Tanjazz à Tanger. Actuellement, nous nous concentrons sur l’amélioration de nos process, l’expérience des festivaliers…
Dans ce sens, Tanjazz est arrivée à une phase où il a fallu lui donner un nouveau souffle. Nous sommes réellement à la 22e édition, mais en comptant les deux ans d’annulation à cause de la crise sanitaire, puis celle de l’année dernière à la suite du séisme d’Al Haouz, nous savons que ce festival existe depuis 25 ans. Nous avons donc travaillé sur un rafraîchissement de l’identité visuelle de cet événement, son logo, mais aussi la manière de vivre et d’appréhender le festival.
C’est pour toutes ces raisons que nous avons souhaité faire vivre deux ambiances au sein du Palais des Institutions italiennes [Moulay Abdelhafid, ndlr], à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur. Ce sont deux atmosphères différentes et deux manières de présenter la musique.
Moulay Ahmed Alami : Un premier album issu de Tanjazz va célébrer universellement le jazz (msn.com)