Les autorités rwandaises continuent de faire le tri dans les églises, notamment pentecôtistes, pour non-respect de normes de sécurité ou manque de qualifications des responsables. La question de nouvelles taxes est également sur la table. Cela fait quelques mois, en particulier depuis sa dernière réélection, que le président rwandais exprime son intention de réguler les églises présentes au Rwanda. Le Conseil de gouvernance du Rwanda (RGB), structure étatique chargée de l’organisation et du contrôle des structures confessionnelles, a été chargé d’un audit qui a déjà conduit, au courant du mois d’août, à la fermeture de plus de 8 000 lieux de culte – églises et mosquées – et à l’interdiction de 43 organisations confessionnelles. En 2018, déjà, environ 700 lieux de culte avaient été fermés.

Comme à l’accoutumée sur d’autres sujets, Paul Kagame ne mâche pas ses mots, lorsqu’il est question des églises. Le 15 septembre dernier, devant l’archevêque de l’Église anglicane du Rwanda et le mufti du Rwanda, le chef de l’État tançait des pasteurs « escrocs » qui utiliseraient la religion pour soumettre et dévaliser les croyants. Et de qualifier ces opportunistes spirituels de « voyous », de « criminels » et d’« imbéciles ».

Les pentecôtistes dans le viseur

Alors que 90 % des Rwandais se déclarent chrétiens, ce sont les structures pentecôtistes qui seraient particulièrement dans le collimateur du gouvernement. C’est cette obédience souvent qualifiée d’églises de réveil qui connaît, ces dernières années, l’essor le plus important au pays des mille collines. En plus des soupçons d’extorsion, le régime rwandais reproche à certains lieux de culte un défaut de respect des normes de sécurité ou d’hygiène. Il souhaite également que les guides religieux justifient de meilleures qualifications.

Après la vague de fermeture de lieux de culte, un projet de loi prévoit d’imposer un diplôme de licence à qui veut célébrer des offices. Être habité par le mystère de la foi et avoir le talent d’inspirer la miséricorde est-il vraiment une affaire de niveau universitaire ? Certains observateurs craignent que le prétexte de la formation ne soit une manière de réduire la liberté d’expression. Quant aux abus et autres irrégularités, ne devraient-ils pas conduire à des sanctions pour les individus qui s’en rendent coupables, plutôt que de provoquer des fermetures d’églises ?

Et puisque Paul Kagame accuse certains pasteurs de s’enrichir, via les quêtes, sur le dos des fidèles, un volet financier du contrôle étatique serait également dans les tuyaux. Lors de son examen par le Parlement, le projet de loi de régulation des églises pourrait introduire de nouvelles taxes sur les revenus des cultes comme les offrandes et la dîme.

Au Rwanda, Paul Kagame en croisade contre les pasteurs « escrocs »