On le voyait venir et il est enfin arrivé avec ses godasses. Le président de la transition au Tchad, Mahamat Idriss Deby , puisque c’est de lui qu’il s’agit, sera candidat à sa propre succession. Il a, en effet, été désigné pour porter les couleurs du Mouvement patriotique du salut (MPS) réuni en congrès le 13 janvier dernier à N’Djamena. Cela n’a rien d’étonnant.
Car, depuis l’organisation, dans les conditions que l’on sait, du Dialogue national inclusif souverain (DNIS), bien des observateurs s’attendaient à ce que Deby fils troque le treillis contre le costume. Par contre, ce qui a surpris plus d’un, c’est la désignation de Mahamat Idriss Deby comme candidat à une présidentielle dont la date n’est pas encore connue et ce, alors même que les organes chargés de conduire le processus électoral n’ont pas encore été mis en place. Que cache donc une telle précipitation de la part du MPS dont le congrès a commencé par là où il devait s’achever ?
La question reste posée surtout que sur le plan juridique, rien, à l’issue du dernier référendum constitutionnel, n’empêche Deby fils de briguer la magistrature suprême ; tant l’homme à su mettre la forme pour tuer la démocratie dans son pays. Il semble être allé à l’école de son père qui ne lésinait pas sur les gros moyens pour conserver le pouvoir. A preuve, dès les premières heures de son arrivée au Palais rose, Deby fils a travaillé à apprivoiser l’opposition politique en nommant l’un de ses leaders, en la personne de Saleh Kebzabo, comme chef du gouvernement.
Deby fils a bien compris les hommes politiques dont les positions, n’évoluent qu’en fonction de leurs propres intérêts
La suite, on la connaît. Car, succès Masra du parti Les Transformateurs, qui était devenu le fer de lance de la contestation, avait, dans un premier temps, été contraint à l’exil, avant de retourner au bercail, pour finalement devenir l’homme lige du maitre de N’Djamena qui a fini par le bombarder Premier ministre. Tant et si bien qu’il a déçu tous ceux qui croyaient en lui.
En fait, quand on observe de très près, on se rend compte que Mahamat Idriss Deby a bien compris les hommes politiques dont les positions, il faut le dire, n’évoluent qu’en fonction de leurs propres intérêts. Ils prétendent parler au nom du peuple alors qu’au fond, ils ne défendent que leur ventre. Sinon, comment comprendre que Succès Masra qui, on se rappelle, avait appelé ses compatriotes à résister par tous mes moyens face à la confiscation du pouvoir par le clan Deby au Tchad, accepte, aujourd’hui, de se positionner comme un collaborateur de premier plan du régime qu’il combattait ?
Comme quoi, en politique, comme qui dirait, il n’y a pas d’adversaires éternels. Seuls les intérêts guident les pas des uns et des autres. Cela dit, quand bien même elle s’en défend, on ne saurait oublier la responsabilité de la France dans ce qui arrive au Tchad. Car, c’est elle qui, pour avoir adoubé Deby fils au moment où tout le monde le clouait au pilori, a fait de lui un assoiffé du pouvoir surtout dans une Afrique où la tendance est aux règnes à vie.