Le président de la Transition du Tchad, le général Mahamat Idriss Déby, est en séjour en Russie pour une visite officielle. Il y a rencontré, en tête à tête, son homologue Vladmir Poutine avec qui, il a évoqué « des perspectives de développement des relations russo-tchadiennes dans différents domaines, et des sujets régionaux et internationaux d’actualité », pour reprendre les termes du communiqué du Krimlin. En clair, les deux chefs d’Etat ont parlé de coopération bilatérale, notamment dans les domaines de l’agriculture et des mines.

Evidemment, le Tchad étant en proie à des multiples rébellions et à l’insécurité liée au terrorisme, la question sécuritaire s’est invitée au débat si elle n’en a pas constitué le plat de résistance. Comme quoi, en matière de relations internationales, l’ennemi de mon ami n’est pas forcément un adversaire. Bien au contraire, il peut être un partenaire. Tout dépend des intérêts que défendent les uns et les autres. Et c’est ce que semble avoir compris Déby fils qui, bien qu’entretenant des rapports privilégiés avec la France, a choisi de renforcer ses relations avec la Russie ; et ce, au moment même où, du fait de la guerre en Ukraine, le torchon brûle entre Moscou et Paris. Contrairement aux présidents malien, Assimi Goïta, burkinabè, Ibrahim Traoré, et nigérien Abdourahamane Tchiani, qui ont opté pour le divorce d’avec l’ex-puissance coloniale, Mahamat Idriss Déby, lui, préfère une diversification de ses partenaires.

Il revient au Tchad de ne pas se laisser conter fleurette

A preuve, c’est au Tchad que les soldats français, chassés du Mali, du Burkina et du Niger, ont déposé leurs valises. Tant et si bien que Déby fils passe pour être le chouchou de la France accusée à tort ou à raison d’être à l’origine de tous les malheurs du Sahel africain. Pourquoi alors Moscou, en dépit de tout, cherche-t-elle à se rapprocher de N’Djamena ? En effet, s’il est vrai que, comme pourraient le penser certains, la Russie cherche à contrer l’influence de la France au Sahel, force est de reconnaître que le Tchad est un pays minier, et de ce fait, attise les convoitises des grands de ce monde. Car, en plus d’être un pays pétrolier, le sous-sol tchadien regorge de gisements d’or, de fer, de bauxite, du cuivre, du diamant, du tungstène, etc. Quand on sait que les pays n’ont pas d’amis, mais n’ont que des intérêts à défendre, on peut conclure, sans risque de se tromper, que Moscou cherche aussi sa part de marchés en faisant la cour aux autorités tchadiennes. C’est de bonne guerre. Car, en matière de géopolitique, c’est un risque que de laisser le terrain aux concurrents. Cela dit, il revient au Tchad de ne pas se laisser conter fleurette en travaillant à tirer le meilleur profit de la diversification de ses partenaires, tout en se refusant de devenir l’otage des querelles que se livrent les grandes puissances.

DEBY FILS EN RUSSIE : L’ennemi de mon ami peut être un partenaire (msn.com)