C’est lors d’une intervention télévisée, ce 4 août, que le président Bola Tinubu a tenté de renouer le contact avec ses concitoyens qui manifestent, depuis plusieurs jours, contre la vie chère. Un discours jugé largement inaudible, au regard des revendications et de la répression.

Très gaullien, ce 4 août, Bola Tinubu avait-il une chance d’être validé par ces concitoyens, en leur déclarant : « Je vous ai entendus clairement » ? Déployant un discours télévisé qui se voulait fondation d’une réconciliation nationale, le président du Nigeria n’a pourtant pas esquissé le mea culpa que les manifestants endeuillés auraient voulu entendre des autorités.

Alors que l’organisation Amnesty International évoque un minimum de 13 personnes tuées par les forces de l’ordre, Tinubu s’est adressé à l’opinion, de façon vague, pour que soit mis un terme aux « effusions de sang ». La police évoque le décès de sept personnes mais nie toute responsabilité. Le chef de l’État, lui, regrette « la violence et la destruction » susceptibles de « déchirer » la nation, n’esquissant des responsabilités que du côté des organisateurs qui n’auraient pas su, selon lui, « éviter les débordements ».

Sur le fond, dans ce discours télévisé qui constituait sa première prise de parole publique depuis le début des manifestations, Bola Tinubu a affirmé comprendre « la douleur et la frustration » de ceux qui battent le pavé. Sous la bannière #EndbadGovernanceinNigeria (« Mettre fin à la mauvaise gouvernance au Nigeria »), ce sont des milliers de personnes qui protestent, depuis plusieurs jours, contre la hausse du coût de la vie.

Le carburant de la discorde

Elles rendent les réformes du gouvernement actuel directement responsables d’une crise économique illustrée par une inflation de 40 % des denrées alimentaires. Le cas des carburants est particulièrement flagrant : dès son arrivée au pouvoir, il y a un peu plus d’un an, le chef de l’État a suspendu la subvention aux carburants. Le prix de l’essence a triplé…

Alors que ses concitoyens parlent de « souffrance » et de « faim », Tinubu répond « suspension de toute nouvelle protestation » et « création d’un espace de dialogue ». Vague, il assure que le gouvernement « s’engage à écouter et à répondre aux préoccupations ». Rappelant, dans son discours, l’augmentation du salaire minimum et la livraison de céréales dans les provinces, il appelle les Nigérians à la patience.

Pour l’heure, la coalition informelle qui organise les manifestations semble faire fi de cet appel à l’apaisement. Ses membres expliquent que les violences dénoncées ne sont pas de leur fait. La police, qui multiplie les arrestations – plusieurs centaines en quelques jours –, affirme, elle, que la protestation autoproclamée « pacifique » serait à l’origine de vols à main armée, d’incendies volontaires et autres destructions de biens.

Sur la question de la répression, Bola Tinubu s’est déclaré confiant dans des forces de l’ordre qui ne feraient, selon lui, que maintenir « la paix, le respect de la loi et l’ordre […] conformément aux conventions relatives aux droits de l’homme dont le Nigeria est signataire ».

Au Nigeria, un dialogue de sourds entre Tinubu et les manifestants (msn.com)

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