Les travailleurs togolais, à l’instar de ceux des autres pays du monde entier, ont observé, dimanche 1er mai, la Journée internationale du travail. Pour la troisième année consécutive, cette commémoration s’est déroulée dans un contexte d’exception, marqué par la pandémie liée à la COVID-19 que viennent aggraver les conséquences du conflit russo-ukrainien. En lieu et place du traditionnel défilé, une rencontre entre gouvernement, patronat et organisations syndicales, tenue à la SAZOF à Lomé, a permis de présenter le cahier des doléances des travailleurs aux employeurs. En dehors des revendications énumérées en cinq points, les partenaires sociaux ont salué l’esprit des actions du gouvernement pour relever le défi sanitaire et rendre le pays socio économiquement résilient.

Les membres des organisations syndicales lors de la présentation des doléances.

La fête du 1er mai, souvent marquée par un défilé, des parades et manifestations organisées çà et là, a pris, depuis trois ans, un format symbolique pour cause de la crise sanitaire liée à la COVID-19. Malgré la décrue annoncée de cette pandémie, les autorités togolaises par prudence, ont opté, de nouveau, pour une célébration dans la simplicité. Ainsi, c’est dans la sobriété que les travailleurs se sont acquittés de la traditionnelle présentation au gouvernement et au patronat du cahier des doléances.

Il convient de signaler, qu’avant tout, les confédérations syndicales du Togo se félicitent que le gouvernement se soit investi et ait engagé des discussions courageuses dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Elles se réjouissent également de la dynamique insufflée aux questions d’allocations de départ à la retraite dans la fonction publique, de l’extension de la couverture maladie à tous et pour l’oreille prêtée aux cris de détresse des travailleurs et leurs familles secouées par l’augmentation insoutenable de la cherté de la vie.

Toutefois, les organisations syndicales, par la voix du secrétaire général de l’UNSIT, porte-parole de la Coordination des Centrales Syndicales du Togo (CCST), M. Vissikou Sénouvo, sollicitent plus de moyens, afin de mieux prendre en main les problèmes de l’éducation et la santé, à travers une éducation ouvrière approfondie et continue. Elles demandent que le paiement des indemnités de départ à la retraite soit harmonisé. Quand bien même, elles saluent l’élargissement de la couverture santé à tous, les confédérations syndicales s’estiment écartées du processus d’élaboration des textes. D’autres doléances portées par la coordination concernent les dockers professionnels du Port autonome de Lomé, notamment ceux affectés à LCT, de même que les travailleurs employés par les églises et bien d’autres travailleurs du secteur privé, qui continuent d’exercer en marge de la législation du travail. Ce cahier de doléances révèle que la révision du Code du travail n’a fait qu’aggraver leurs situations, en témoigne le nombre de licenciements depuis la promulgation de ce nouveau texte. Enfin, les centrales syndicales, après avoir acté les mesures gouvernementales pour atténuer la cherté de la vie, proposent au gouvernement d’aller plus loin, jusqu’au relèvement des salaires et surtout des pensions.

Faire davantage au secteur privé pour son épanouissement et émancipation

Du côté du secteur privé, le président du Conseil National du Patronat, M. Coami Sedolo Tamégnon, a salué tous les efforts du gouvernement visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs, d’une part et d’autre part, à assurer l’amélioration du climat des affaires. Il a encouragé ce dernier à faire davantage, en accordant plus de moyens au secteur privé pour son épanouissement et émancipation, en vue de lui permettre de contribuer plus efficacement à la lutte contre la vie chère aux côtés des autorités publiques. Aussi, a-t-il relevé certains problèmes majeurs qui persistent jusqu’à ce jour et qui ne contribuent pas à rassurer les opérateurs économiques, aussi bien togolais qu’étrangers, malgré tous les efforts consentis pour faire du Togo un pays attractif. Il s’agit, en tête de liste, de l’épineuse question du foncier qui sape plusieurs projets agricoles et autres initiatives pour lesquelles l’acquisition des terres devient problématique. M. Tamégnon a mentionné la question de la qualité de la formation dans les établissements scolaires, universitaires et professionnels, qui reste un souci majeur causant un grand préjudice aux entreprises et au pays, sans oublier la pression fiscale forte et pesante, ainsi que la concurrence déloyale.

En référence aux mesures annoncées par le chef de l’Etat, le patronat compte poursuivre le plaidoyer, en vue d’obtenir des dispositions additionnelles en faveur des entreprises, notamment les PME/PMI qui constituent un vecteur majeur dans les filets sociaux.

Volonté exprimée du gouvernement à répondre aux attentes des concitoyens

A la suite des revendications posées par les centrales syndicales et des attentes du secteur privé, le ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social, M. Gilbert Bawara, a salué la mobilisation et le labeur de tous les travailleurs togolais qui, malgré les conditions et les circonstances très difficiles liées notamment à la crise sanitaire et la conjoncture économique mondiale, ont permis au pays d’enregistrer des progrès très importants. Selon le ministre, en dehors des mesures annoncées par le chef de l’Etat à l’occasion de la célébration du 62e anniversaire de l’indépendance du Togo, il importe de mentionner les efforts considérables consentis par le gouvernement dans tous les secteurs de la vie. Par exemple, au niveau de l’agriculture, ces dernières années, les prix des engrais sont subventionnés pour permettre à l’agriculture d’être plus productive.

Tout en réaffirmant la volonté du gouvernement à répondre aux attentes exprimées par les concitoyens, le ministre a invité les syndicats à toujours privilégier la voie du dialogue et la concertation. Il les a exhortés vivement à être attentifs au respect des lois et des textes régissant le travail dans le pays. A cet effet, dit-il, le gouvernement envisage, avant la fin du mois de mai 2022, organiser un forum sur le syndicalisme et le dialogue social. Ce forum, qui se tiendra à l’intérieur du pays, bénéficiera de la participation et de la contribution des bureaux de l’Organisation Internationale du Travail (BIT) à Abidjan et Dakar, ainsi que de la présence d’une délégation du BIT à Genève. Ce forum, qui débattra du syndicalisme, de la liberté syndicale et de l’exercice du droit de grève, entend corriger les nombreux manquements constatés lors de l’organisation des grèves. Le gouvernement réfléchit également pour encourager le comité de suivi et d’évaluation mis en place au niveau du secteur de l’éducation, conformément au protocole d’accord d’avril 2018 et du mémorandum d’entente du 10 mars 2022, afin qu’il puisse prendre des initiatives au niveau de chaque Région. Il s’agira d’aller à la rencontre de tous les acteurs du système éducatif, d’abord les enseignants eux-mêmes, les chefs d’établissement, en associant les autorités locales, notamment les chefs cantons, les responsables des communes et les associations des parents d’élèves, pour partager le contenu de ce protocole d’accord et du mémorandum d’entente.

Auparavant, le ministre en charge du Commerce, Kodjo Adédzé, celui des Enseignements primaire et secondaire, Komla Dodzi Kokoroko et de la Santé, Moustafa Mijiyawa, avaient, de manière succincte, exprimé la disponibilité du gouvernement à améliorer les conditions de vie des travailleurs et de toute la population togolaise. (Togo Presse)