Nous affirmons (implicitement peut-être) dans un précédent article que la corruption fait partie des grands défis qui attendent le nouveau ministre des Eaux et Forêts. Dans celui-ci, nous allons essayer d’aller un peu plus loin dans cette affirmation.
Pour faire face aux nombreux phénomènes qui minent le secteur forestier en vue de sauver les forêts ivoiriennes, il faut mettre fin aux incessantes missions des fonctionnaires ripoux sur les installations des industries du bois. Car, en réalité, ce n’est pas pour y effectuer des contrôles comme l’on veut nous le faire croire. Car, dans bien des cas, ce sont des missions de racket.
Lesdites missions, que dis-je ?, lesdites « visites » sont effectuées pour « encaisser » des pots de vin afin d’aller « rendre compte fidèlement » aux responsables hiérarchiques qui ordonnent ces missions. Juste ça !
Si non comment comprendre que des Cantonnements, des Directions régionales, des postes et/ou la police forestière puissent s’inviter là où la brigade spéciale est déjà passée ? Par exemple.
Ces ballets incessants de racket ont court uniquement dans les zones qui abritent des entreprises d’exploitation du bois. N’allez donc pas croire que cela fait partie des missions régaliennes des structures de l’Etat assermentés.
Ces agissements contribuent à la destruction massive des forêts parce que ces industries sont désormais obligées de se payer sur la bête en abattant une plus grande quantité de bois au grand damne de leurs engagements initiaux et légaux. « Souvent, on peut même nous appeler dans les bureaux, à Abidjan, pour nous dire de venir parler français », confie un exploitant débité dont nous taisons le nom et la dénomination de sa société pour éviter des représailles.
A cette allure, plusieurs sociétés d’exploitation ont fermé carrément. N’en pouvant plus de travailler dans la légalité, elles ont été obligées de mettre la clé sous le paillasson en déclarant faillite. « On fonctionne finalement à perte et ce sont des centaines d’emplois qui sont menacés », a-t-il ajouté, la mort dans l’âme.
Nous pensons que pour combattre un tel fléau, l’Etat n’a pas besoin de mettre des moyens financiers importants à la disposition des structures de protection des forêts classées. Il doit juste y mettre de la fermeté. Dans ce cas d’espèce, ce sont des actes concrets qu’il faut poser et des engagements bien définis qu’il faut respecter.
La meilleure protection de la forêt doit venir de ceux qui sont chargés de leur surveillance et de ceux qui en vivent. Notamment, ceux qui en tirent profit en termes d’exploitation. Si on pousse les opérateurs à soudoyer des fonctionnaires de l’Etat, ce secteur va vite basculer dans l’informel, dans l’anarchie totale. Enfin, si ce n’est déjà le cas à l’heure actuelle…
Poursuivant, l’exploitant nous a confié que « dans cette jungle qui ne dit pas son nom, il fallait mieux gérer les dessous de table au lieu de payer les taxes de l’Etat. Il fallait mieux offrir des pots de vin au lieu de payer les salaires du personnel. Enfin, il fallait mieux agir en hors-la-loi au lieu de se soumettre aux clauses des autorisations d’exploitation qui sont pourtant très claires. C’est ainsi que va la vie dans le secteur du secteur forestier ivoirien et c’est vraiment dommage ! »
Pour clore ce chapitre, notons que l’exploitation du bois représente près de 18 à 20% sur l’échelle de la destruction des forêts en Côte d’Ivoire.
Narcis’KOUASSI