Le Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales (LARTES) de l’Institut fondamental d’Afrique noire Cheikh-Anta-Diop met en exergue la capacité d’action dont dispose le Sénégal en matière de mobilisation de ressources internes et de financement de la protection sociale pour la période.
« L’État sénégalais dispose de potentiels de mobilisation de ressources internes et pérennes permettant le développement et le financement de la protection sociale », écrit le LARTES dans un rapport consacré à ce sujet.
Le document a été élaboré dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Renforcer la société civile pour une protection sociale efficace ».
L’Institut panafricain de recherche, de formation et d’action pour la citoyenneté, la consommation et le développement en Afrique (CICODEV Afrique), le conseil départemental de Rufisque (ouest) et la délégation de l’Union européenne au Sénégal ont pris part à l’élaboration du rapport intitulé « Identification et évaluation des nouveaux modes de financement des programmes non contributifs de la protection sociale au Sénégal ».
L’étude, qui a été présentée récemment par ces trois entités, porte sur sept programmes sociaux mis en œuvre par l’État du Sénégal.
Il s’agit du Programme national de bourses de sécurité familiale, de la gratuité des soins des enfants âgés de 0 à 5 ans, de la gratuité de la césarienne et de l’hémodialyse. Les chercheurs ont également étudié la carte d’égalité des chances, le plan sésame et les cantines scolaires.
Au total, « le besoin de financement des sept programmes est estimé à 237,02 milliards de francs CFA en 2035, contre 121,1 milliards en 2023, soit un quasi-doublement en treize ans », renseigne le document.
Concernant leurs mécanismes de financement, l’étude signale que les pouvoirs publics disposent de possibilités de prélèvement « indolores », qui devraient permettre de mobiliser un « volume de ressources suffisant pour couvrir la demande ».
Il parle de « niches » que les pouvoirs publics pourraient exploiter sans « obérer » le pouvoir d’achat des consommateurs.
Les auteurs du rapport font notamment allusion aux ressources naturelles (le pétrole et le gaz), aux machines et aux équipements, au logement et aux habitations, au transport et au tourisme, aux télécommunications, aux services financiers et aux jeux de hasard, aux administrations publiques, aux produits cosmétiques et à certains produits alimentaires.
Le rapport recommande toutefois la mise en place d’un « fonds national de financement de la protection sociale ».
Ce fonds doit avoir « un ancrage institutionnel très élevé », selon ses auteurs, qui font allusion à la présidence de la République et à la primature.
Le rapport du LARTES préconise également la sensibilisation des décideurs, au plus haut niveau, sur le « faible volume de ressources financières nécessaires pour accroître la couverture et/ou le bénéfice des initiatives de protection sociale ».
Le document insiste par ailleurs sur la nécessité de développer des stratégies de plaidoyer, afin que les ressources consacrées à la protection sociale soient perçues non pas comme une « dépense » mais « un investissement ».
Les auteurs du document déplorent toutefois le fait que « la qualité des données demeure un frein à la recherche » sur la protection sociale.
Ils relèvent l’existence de données « difficilement accessibles », d’une « forte variabilité inexpliquée » des coûts unitaires des services de protection sociale.
De même, mettent-ils le doigt sur le « manque de centralisation » des données et des informations relatives aux coûts de la gestion.
CICODEV Afrique, le LARTES et leur partenaire européen estiment que ces informations ne sont pas disponibles dans les rapports publics.