Une faute de frappe dans des adresses e-mails de l’armée américaine redirige depuis dix ans des messages – parfois sensibles – adressés au Pentagone vers le domaine internet du Mali, dont le gouvernement de transition reprend le contrôle ce lundi.

Dans l’annuaire de la vaste toile que représente internet, chaque pays du monde a son propre Top Level Domain, extension de domaine en français, comme « .bf » pour le Burkina Faso ou « .fr » pour la France. Pas de chance pour l’armée américaine – la seule du monde à posséder sa propre extension – son domaine de premier niveau, « .mil », est proche de celui du Mali, « .ml ».

Comme le révèle un article du Financial Times ce lundi 17 juillet, il n’en fallait pas plus que cette simple lettre de différence pour accidentellement faire fuiter des centaines de milliers de mails de l’armée américaine vers le Mali. Depuis une dizaine d’années, un flux constant de courriels est acheminé vers le domaine « .ml » à la suite d’une erreur de frappe dans « .mil ».

Fin de contrat

Coup de chance pour l’armée américaine, le domaine du Mali était jusqu’à présent géré par un entrepreneur néerlandais, Johannes Zuurbier, qui, comme l’indique le quotidien britannique, a pris en charge le code pays du Mali en 2013 pour une durée de dix ans.

À l’expiration de son contrat, ce lundi 17 juillet, les autorités maliennes reprendront le contrôle du domaine « .ml » et seront donc en mesure de collecter les courriels mal acheminés. Cela représenterait « un risque réel qui pourrait être exploité par des adversaires des États-Unis », indique Johannes Zuurbier dans une lettre envoyée aux autorités américaines au début du mois de juillet. Depuis six mois, ce dernier collecte les mails détournés afin de persuader le Pentagone de prendre ce problème au sérieux.

Toujours selon les informations du Financial Times, Johannes Zuurbier détient près de 117 000 messages détournés, dont près de 1 000 sont arrivés au cours de la seule journée de mercredi. Si la plupart des messages sont des spams et qu’aucun n’est classé « secret-défense », certains contiennent des données très sensibles sur le personnel américain en service, les sous-traitants et leurs familles.

Mali – États-Unis : des milliers de mails de l’armée américaine bientôt récupérés par Bamako (msn.com)