L’option militaire brandie par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, pour rétablir le président Mohamed Bazoum, a créé un sentiment de solidarité au Niger , la population semblant soutenir la junte face à une possible intervention militaire de la Cédéao.
Paris durcit le ton
Paris pour sa part n’y est pas opposé. Ce lundi (28.08), le président français, Emmanuel Macron, l’a répété dans son discours pendant la conférence des ambassadeurs à Paris
Daniel Eizenga, responsable des recherches sur les politiques au sein du Centre d’études stratégiques de l’Afrique, rappelle ainsi la ligne dure de la France dans cette affaire :
« Je dirais que la position est claire : une fois que la Cédéao déciderait de procéder par une intervention militaire, après l’échec de la voie diplomatique, alors, la France soutiendrait la Cédéao. Et vous savez d’ailleurs que la France et le président Macron sont fermes quant à la non-reconnaissance de la junte et de sa légitimité ».
« De la prudence face à la crise »
Mais Paris semble isolé dans cette attitude. Berlin rechigne à soutenir cette option, de même que Rome. La plupart des partenaires occidentaux du Niger demandent certes le retour à l’ordre constitutionnel mais ils mettent en avant la voie diplomatique pour résoudre la crise.
Les Etats-Unis, pour leur part, n’ont toujours pas qualifié de coup d’état les événements du 26 juillet.
Des prises de position qui relèvent de la prudence, explique Nina Wílen, directrice de programme Afrique à l’Institut royal des relations internationales à Bruxelles
« C’est de la prudence et la volonté de ne pas utiliser la force militaire pour résoudre la crise parce qu’on sait déjà que la Cédéao est une organisation divisée entre ses membres, notamment le Mali, la Guinée et le Burkina Faso qui ont déjà déclaré que cette intervention serait comme une guerre sur leur territoire. Donc, une intervention militaire de la Cédéao risque d’engendrer une résistance au Niger, mais aussi dans la région plus généralement ».
Face à cette menace, la junte, jouant sur un sentiment francophobe, se radicalise et réprime toute opposition au putsch.
« Ils ont déjà détenu des membres de l’opposition, d’anciens membres de l’administration Bazoum, des soldats qui étaient proches de Bazoum, mais aussi réprimé des manifestations pro-Bazoum et anti-coup d’Etat », explique Daniel Eizenga.
En dépit de son attitude prudente qui prône une sortie de crise diplomatique, l’Allemagne, comme d’autres partenaires, a toutefois réagi au coup d’Etat militaire en suspendant son aide au développement et son appui financier au Niger.
Les pays occidentaux en ordre dispersé sur le Niger (msn.com)